Serait-ce possible que l’arrivée d’un bébé ne rime pas nécessairement avec une privation de sommeil pour les parents durant les premières années de sa vie? Evelyne Touchette, professeure au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), est convaincue que la solution existe, mais qu’elle doit être adaptée à l’âge de l’enfant et au contexte de la famille. Elle souhaite d’ailleurs aider les familles d’enfants âgés de 0 à 5 ans à maintenir une qualité de sommeil nécessaire à la bonne santé physique et mentale.
Avec son projet intitulé Apprendre à dormir comme à marcher, qui vient d’obtenir un soutien financier de 40 000 $ pour une durée de 18 mois grâce au programme Dialogue du Fonds de recherche du Québec (FRQ), Evelyne Touchette souhaite en premier lieu défaire les mythes entourant le sommeil des bébés et guider les parents vers les comportements gagnants qui favorisent une bonne qualité de sommeil, autant pour leur enfant que pour eux. Ceux et celles qui ont déjà vécu l’arrivée d’un nouveau-né savent d’ailleurs très bien que les habitudes de sommeil des enfants influencent indéniablement celles des parents.
Selon Mme Touchette, il existe un stress parental bien réel et une pression sociale parfois étouffante lorsqu’il est question du sommeil des enfants. Au cours de la dernière décennie, les études démontrent que plus du tiers des parents rapportent des problèmes de sommeil pour leurs enfants âgés de 2 à 6 ans. Pour ce qui est des nouveau-nés, les parents montrent souvent des attentes irréalistes pour qu’ils fassent leurs nuits rapidement.
« C’est comme si on s’attendait à ce que notre enfant vienne au monde en sachant marcher. Pourtant, le sommeil s’apprend par étape, au même titre que la marche. Les parents devraient tous avoir cette image en tête afin de revoir leurs attentes et ajuster leurs stratégies pour favoriser l’évolution des habitudes de sommeil de leur enfant », explique la chercheuse.
Comment s’y retrouver ?
À la recherche de solutions, les parents se retrouvent inondés de « trucs de grand-mère » ou de conseils mal avisés par les amis ou les membres de la famille. Les blogues et les médias sociaux provoquent parfois un tourbillon de désinformation où les parents se retrouvent sans réponse claire.
« L’empressement des parents à chercher des solutions en consultant des sources de qualité scientifique très variables traduit bel et bien un appel à l’aide pour maintenir leur équilibre de santé mentale. Cette situation est particulièrement préoccupante en cette période de pandémie, alors que la population est plus fragilisée », indique Mme Touchette.
Coconstruction d’une référence scientifique et accessible
« En sollicitant des parents, des professionnels ainsi que des organismes liés à la famille et au sommeil, nous nous assurons de coconstruire un contenu pertinent, crédible et accessible pour notre plateforme web et notre le livre. De plus, la participation de quatre étudiantes permettra de former une relève intéressée à la recherche sur le sommeil de l’enfant, ce qui favorise la pérennité du projet », conclut la professeure Touchette, dont le projet a reçu l’appui de la campagne nationale sur le sommeil Dormez là-dessus et de la Fondation Sommeil.Comme l’écart est grand entre la science du sommeil de l’enfant et l’information relayée par les médias sociaux et les croyances populaires, une plateforme numérique ainsi qu’un livre serviront à informer les parents et les intervenants sur les meilleures pratiques reconnues scientifiquement. Les contenus seront créés conjointement avec plusieurs partenaires dont des parents, des étudiants, des experts du web, ainsi que des professionnels du sommeil et de la vulgarisation scientifique.
La chercheuse et ses partenaires ont déjà commencé les échanges. Le lancement de la première mouture du site web devrait se produire avant l’été. Le site évoluera au cours de l’année selon les besoins et retours des parents et des partenaires. Le livre devrait quant à lui être rendu disponible l’année prochaine.
Précieux partenaires
L’entreprise Immerscience, qui compte un vaste réseau de professionnels et d’artisans mobilisés pour mettre la science en action, sera responsable de créer la synergie entre les organismes et experts gravitant autour des parents afin de faire la cueillette d’information. De leur côté, JFB Web Marketing, Tobo Studio et Sheryl Guloy de Somnolence Plus prennent en charge le développement du site web. Finalement, la chercheuse sera appuyée par la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) et la Dre Marie-Hélène Pennestri, pour mener ses travaux.
Source :
Service des communications
UQTR, 3 juin 2021
Toutes les actualités de l'Université du Québec à Trois-Rivières >>>