Bien que les personnes LGBTQ+ aient acquis ces dernières années une plus grande reconnaissance sociale, au Québec comme au Canada, elles demeurent confrontées à des expériences de discrimination, de dévalorisation et de dénégation qui les privent de leurs pleins droits dans plusieurs sphères de leur vie.
Quelles formes d’exclusion ces personnes subissent-elles au quotidien? Comment se vit leur inclusion sociale? Ces situations varient-elles selon l’âge, les trajectoires de vie et les appartenances sociales? Les politiques publiques mises en place au Québec et au Canada pour mettre fin aux discriminations atteignent-elles leurs cibles? Pour répondre à ces questions, une équipe de chercheurs issus des milieux universitaire et de la pratique dirigée par la professeure du Département de sexologie Line Chamberland, titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie, a lancé l’automne dernier une enquête en ligne, la plus grande jamais menée auprès des personnes LGBTQ+ au Québec.
«Nous visons à rejoindre quelque 5 000 personnes âgées de 18 ans et plus, ce qui représente environ 250 personnes par région administrative au Québec, dont 1 000 à Montréal et 500 dans la région de Québec», précise le professeur du Département de sexologie Martin Blais, responsable de l’enquête et récemment nommé cotitulaire de la Chaire. «La raison pour laquelle nous cherchons à recruter autant de participants est que nous voulons couvrir une diversité d’expériences de vie, car il n’existe pas une communauté LGBTQ+ homogène mais des communautés composées d’individus ayant des parcours très différents», explique le professeur. Le but est de mieux comprendre les différentes formes d’exclusion et d’inclusion vécues par les personnes LGBTQ+ dans les sphères de vie importantes pour leur épanouissement personnel: travail, famille, entourage, réseaux sociaux, vie de quartier, logement, services de santé, etc.
Cette enquête s’inscrit dans le cadre du projet de recherche SAVoirs sur l’inclusion et l’exclusion des personnes LGBTQ. Ayant débuté en 2016 et se poursuivant jusqu’en 2023, la recherche bénéficie d’une subvention de partenariat de 2,5 M $ du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH). Elle poursuit trois objectifs: documenter les formes d’inclusion et d’exclusion sociales des personnes LGBTQ+ appartenant à différents groupes d’âge et vivant au Québec; comprendre leurs parcours de vie; réaliser une analyse critique des politiques publiques canadiennes et québécoises mises en place pour favoriser leur inclusion.
Stigmatisation au travail
L’enquête en ligne aborde divers sujets, dont celui de la discrimination en milieu de travail. «Des questions portent, entre autres, sur l’existence ou non de politiques inclusives, de mesures de protection syndicale et de procédures de plainte lorsque se présentent des cas de discrimination, souligne Martin Blais. On sait que les risques de stigmatisation sont plus grands dans certains milieux de travail. Les personnes hétérosexuelles ne se demandent pas si elles doivent révéler à leurs collègues de travail le sexe de leur conjoint ou de leur conjointe, contrairement aux personnes LGBTQ+ qui, elles, redoutent la désapprobation ou le rejet.»
Les modalités d’accès à la parentalité constituent un autre thème soulevé dans le questionnaire. «Nous voulons savoir si les couples de même sexe ou de même genre et les personnes trans rencontrent des obstacles dans leurs démarches pour fonder une famille, indique le professeur. Ont-ils des enfants nés d’une relation hétérosexuelle antérieure? Sinon, envisagent-ils l’adoption ou différentes formes d’insémination? Recourent-il à des cliniques de fertilité? Comment les choses se passent-elles pour les couples qui ont un ou des enfants à la garderie et à l’école?»
Les formes de discrimination dans la vie de quartier et l’accès au logement sont aussi traitées. «Nous disposons d’indices selon lesquels les personnes en couple de même sexe ou de même genre, ou celles dont l’image ne correspond pas à celle que l’on se fait traditionnellement d’une femme ou d’un homme, sont souvent confrontées à des difficultés dans la recherche d’un logement», note Martin Blais.
Volet entrevues
L’enquête comporte, par ailleurs, des entrevues individuelles afin de documenter les trajectoires de 150 personnes LGBTQ+. «Avec l’enquête en ligne, nous recueillons de l’information uniquement sur les questions posées, alors que les entrevues permettent d’enrichir le portrait, d’avoir une compréhension plus fine des parcours de vie des individus», observe le chercheur.
Une attention particulière sera accordée à la manière dont les contextes historiques, sociaux et politiques sont évoqués en entrevue ainsi qu’au sens attribué par les participants et participantes aux moments clés de leur existence reflétant des situations d’inclusion, d’exclusion et de non-reconnaissance.
«Nous cherchons également à rejoindre des personnes racisées, oeuvrant dans un secteur de travail traditionnellement masculin, en situation de handicap physique et en situation de précarité ou d’itinérance», remarque Martin Blais.
La recherche vise, ultimement, à soutenir le développement et l’amélioration de politiques, de programmes et de services touchant les populations LGBTQ+. «Nous voulons, notamment, soutenir les organismes communautaires en leur fournissant de l’information qui peut les aider à identifier des priorités d’intervention auprès des communautés LGBTQ+», conclut le professeur.
Les personnes intéressées à participer à l’enquête peuvent envoyer un message à l’adresse courriel entrevuesavielgbtq@uqo.ca.
Source :
Service des communications
UQAM, 24 février 2020
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