Une éventuelle mission sur Mars ne pourrait pas se réaliser sans plantes : la survie des astronautes reposerait entièrement sur leurs feuilles, sources à la fois d’oxygène et de nourriture. « C’est pour ça que si elles tombent malades, il faut qu’on le sache immédiatement, avant qu’elles meurent », précise Talal Abboud, ingénieur à l’Agence spatiale canadienne.
Au cours de sa maîtrise, supervisée par la professeure Rita Noumeir à l’École de technologie supérieure (ÉTS) entre 2010 et 2013, il a pu tester deux prototypes pour suivre en temps réel la santé des végétaux dans un environnement hostile. Le premier dispositif mesurait la fluorescence de plants génétiquement modifiés avec des protéines vertes fluorescentes. Pendant un an, Talal Abboud a surveillé à distance ces végétaux cultivés en serre dans la station de recherche Haughton-Mars, sur l’île Devon, au Nunavut. L’autre prototype misait sur un système multispectral, capable de mesurer la fluorescence naturelle de la chlorophylle à des longueurs d’onde près de l’infrarouge. Testé à l’Université de Guelph, en Ontario, il a réussi à capter en temps réel l’activité biologique des plantes dans un environnement à basse pression. Il s’agit d’une avancée importante pour permettre aux scientifiques de surveiller la santé des végétaux sur la planète rouge, où la pression atmosphérique est 100 fois plus basse que sur Terre.
L’ingénieur a aussi mis au point un algorithme en mesure de segmenter les images, pour transmettre seulement les données pertinentes sans ralentir la communication ni l’alourdir. Faute de financement, le projet n’a toutefois pas eu de suite. Pourtant, Talal Abboud conserve l’espoir que cette technologie soit un jour utilisée pour cultiver vers l’infini, et plus loin encore.
Source :
Etienne Plamondon Emond
La recherche dans le réseau
de l'Université du Québec
Québec Science
Décembre 2020, p. 4