Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, a annoncé les personnes lauréates des prix Relève étoile octroyés par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour le mois de janvier 2024.
- Julie Duford, étudiante au doctorat en sexologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM)
Récipiendaire du prix Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC)
Publication primée: La polyvictimisation et la détresse psychologique comme médiateurs de la fugue chez les jeunes de minorités sexuelles
Publiée dans: Revue canadienne des sciences du comportement
Résumé: Les jeunes de minorités sexuelles, c’est-à-dire lesbiennes, gais, bisexuelles et bisexuels, queer ou en questionnement (LGBQ), sont plus susceptibles de fuguer que les jeunes hétérosexuelles et hétérosexuels. L’étude de Julie Duford et ses collaboraters examine le rôle de la polyvictimisation (incluant la maltraitance familiale, les violences sexuelles et la victimisation par les pairs) et de la détresse psychologique dans la relation entre le statut de minorité sexuelle et la fugue du domicile. L’étude se base sur une analyse secondaire des données provenant du projet Parcours Amoureux des Jeunes. Une médiation sérielle (incluant la polyvictimisation suivie de la détresse psychologique) modérée (par le niveau de résilience) sur la relation entre le statut de minorité sexuelle et la fugue du domicile a été appliquée sur un échantillon probabiliste de 7731 élèves (dont 14% de jeunes LGBQ) de 3e, 4e et 5e secondaires du Québec. Les résultats, représentatifs de la population des jeunes de 14 à 18 ans (élèves de 3e, 4e et 5e secondaire) du Québec, soutiennent que les jeunes de minorités sexuelles sont plus susceptibles de fuguer que les jeunes hétérosexuelles et hétérosexuels en raison d’expérience plus élevée de polyvictimisation et de détresse psychologique. Toutefois, la résilience interne (capacité de se ressaisir et de s’adapter) et externe (soutien social), notamment le soutien des parents, peut réduire la probabilité que la fugue survienne. Les résultats montrent également que les jeunes fortement polyvictimisés et en détresse ainsi que faiblement résilients sont particulièrement susceptibles de fuguer, quel que soit leur statut de minorité sexuelle.
- Abïgaëlle Dussol, étudiante au doctorat en océanographie à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR)
Récipiendaire du prix Relève étoile Louis-Berlinguet du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologies (FRQNT)
Publication primée: Zero-Power Shape Retention in Soft Pneumatic Actuators with Extensional and Bending Multistability
Publiée dans: American Meteorological Society
Résumé: Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il se passerait si vous vous perdiez en mer? Imaginez-vous sortir par une belle après-midi en kayak, admirez le paysage, profitez du bon temps, puis vous rendre compte au bout d’une heure de balade que la terre ferme a disparue. Vous pourriez facilement paniquer. En effet, si vous vous étiez égaré sur une tranquille rivière, la trajectoire de votre kayak aurait suivi celle du courant et on vous aurait retrouvé en peu de temps, mais en mer ce n’est pas la même histoire. La trajectoire de votre kayak va certes suivre celle du courant, mais elle va aussi être influencée par une dérive, qu’on appelle la dérive de Stokes. Cette dernière est créée par les vagues à la surface de la mer. Ainsi, plus les vagues sont grandes et fortes et plus la dérive est importante et ne peut être négligée. Même si la situation paraît catastrophique, ne vous inquiétez pas, il existe un instrument capable d’aider la garde côtière à vous retrouver. Il s’agit du radar haute-fréquence. C’est un instrument qui permet de mesurer, à partir de la côte, les courants à la surface de la mer toutes les 10 minutes. Grâce à ces instruments de mesure, la garde côtière peut, d’une part avoir une idée précise de comment évoluent les courants en quasi-instantané et d’autre part utiliser ces courants dans un modèle numérique pour prédire votre trajectoire. À l’image des prévisions météorologiques qui permettent de prédire les vents, on peut obtenir des prévisions de votre position en prédisant les courants marins. Tout comme le bulletin météo peut se tromper, il existe effectivement des erreurs dans les prévisions obtenues par la garde côtière, notamment causées par la présence de la dérive de Stokes. Et malheureusement, si cet événement s’était passé dans les années 70, votre destin aurait été scellé de manière tragique, car aucun instrument ne mesurait la dérive de Stokes à cette époque. Or, depuis 2022, Abïgaëlle Dussol et ses collaborateurs ont montré que les radars haute-fréquence mesurent, en plus des courants marins, la moitié de la dérive de Stokes. Cette conclusion est déterminante pour vous retrouver! En plus de montrer un résultat qui n’avait jamais été prouvé dans la communauté utilisatrice des radars haute-fréquence, l’équipe de recherche vous a sûrement sauvé la vie: la garde côtière sait désormais qu’elle doit rajouter la partie manquante de la dérive de Stokes à la mesure du radar pour réduire les incertitudes sur les prévisions de votre position. Ainsi, grâce à ce résultat les opérations de sauvetage en mer pourraient être améliorées, mais cela ne s’arrête pas là. Par exemple, en utilisant des modèles numériques similaires, on peut prévoir la position d’une nappe de pétrole lors d’un incident de déversement. Ou encore, on peut améliorer les prédictions de dérive de larves de poisson, ce qui peut avoir un impact sur les activités économiques de la pêche. Ce résultat pourra donc révolutionner l’utilisation des radars haute-fréquence de manière à répondre aux besoins de notre société.
Les prix Relève étoile ont pour objectifs de reconnaître l’excellence de la recherche réalisée par les étudiantes et étudiants de niveau universitaire (maîtrise et doctorat), les stagiaires postdoctoraux, ainsi que les membres d’un ordre professionnel en formation de recherche avancée, et ce, dans toutes les disciplines couvertes par les 3 Fonds de recherche du Québec, de promouvoir les carrières en recherche au Québec et de développer des liens entre les Fonds de recherche du Québec et la communauté des étudiants-chercheurs et étudiantes-chercheuses du Québec. Un montant de 1500$ est remis avec le prix.