À l’issue du concours de subventions Projets de l’automne 2019 des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), dont les résultats ont été annoncés récemment, les professeurs Mylène Aubertin-Leheudre, du Département des sciences de l’activité physique, Mara Brendgen, Marie-France Marin et Frédérick Philippe, du Département de psychologie, ont reçu au total 2 172 600 $ pour de nouveaux projets de recherche.
L’outil PATH: prescrire l'activité physique en contexte hospitalier pour prévenir la perte de mobilité des aînés
Mylène Aubertin-Leheudre (619 650 dollars)
Chez les personnes âgées, la prévalence du déclin fonctionnel et musculaire après une hospitalisation est élevée (entre 20 % et 50%). Ce déclin peut entraîner des incapacités fonctionnelles, une perte de mobilité, des chutes et un recours accru aux services de santé. À cet égard, les gouvernements et l’Organisation mondiale de la santé préconisent des interventions visant à prévenir le déclin fonctionnel des personnes âgées. Les programmes d’activité physique sont reconnus pour être des mesures efficaces afin d’assurer le maintien des capacités fonctionnelles et la mobilité des populations âgées. Toutefois, la prescription d’exercices physiques en unité de gériatrie, après une hospitalisation, n’est pas intégrée dans les pratiques professionnelles de façon systématique.
Le projet de recherche de Mylène Aubertin-Leheudre vise à évaluer l’efficacité d’une nouvelle pratique clinique de prescription systématique de programmes d’activité physique au sein des unités de gériatrie pour maintenir et améliorer les capacités fonctionnelles et musculaires des personnes âgées. Si la prescription de ces programmes s’avère réalisable, acceptable et efficace, les professionnels de la santé auront accès à un nouvel outil de pratique clinique innovant, simple et s’inscrivant dans le continuum de soins et services de santé, optimisant ainsi la santé, la trajectoire de vie et le mieux-être des personnes âgées.
La santé mentale et sociale des jeunes adultes victimes d’intimidation par les pairs à l’école: le rôle des réponses neuronales et physiologiques
Mara Brendgen (699 973 dollars)
Au Canada, un tiers des jeunes du primaire et du secondaire sont victimes d'intimidation par leurs pairs. Pour certains, les conséquences néfastes de cette intimidation persistent jusqu’à l'âge adulte. L’intimidation chronique à l'école pourrait également augmenter le risque de re-victimisation dans d'autres contextes de vie (au collège, au travail ou en couple). Toutefois, les mécanismes en vertu desquels les expériences d’intimidation sont impliquées dans le développement des problèmes de santé mentale et de santé sociale à l'âge adulte sont encore mal compris. Les facteurs de protection susceptibles d’atténuer les problèmes de santé ultérieurs le sont tout autant.
Dans le cadre de son projet de recherche, Mara Brendgen examinera le lien entre les expériences d’intimidation vécues à l’école et la réactivité tant neuronale que physiologique dans un contexte d’interactions sociales à l’âge adulte. Les expériences actuelles d’intimidation et le soutien social reçu seront également pris en compte. Cette recherche fournira des informations uniques sur les mécanismes sous-jacents aux effets délétères de l’intimidation par les pairs sur la santé mentale et sociale des jeunes adultes, ainsi que sur les facteurs atténuants qui pourraient y être associés.
Les effets à long terme de l’utilisation des contraceptifs oraux durant l’adolescence: investigation des systèmes neuronaux, endocriniens et cognitifs
Marie-France Marin (493 425 dollars)
La pilule contraceptive (PC) est une méthode souvent prescrite à l’adolescence, soit à une période où le cerveau est en développement. La PC est composée d’hormones synthétiques qui abolissent le cycle menstruel en maintenant de très bas niveaux endogènes d’hormones sexuelles. Plusieurs études ont démontré que, contrairement aux femmes naturellement cyclées, les femmes qui utilisent la PC ont plus de difficultés à réguler leurs émotions et présentent un modèle différent de sécrétion d’hormones de stress. On ignore toutefois si ces effets demeurent après l’arrêt de la prise de la PC. L’impact de la chronologie, soit l’âge où débute la prise de la PC, est un autre aspect négligé.
Au cours de sa recherche, Marie-France Marin recrutera des femmes prenant présentement la PC, d’autres en ayant pris par le passé et d’autres encore n’en ayant jamais utilisé. Les participantes seront exposées à plusieurs tâches afin de mesurer les effets de la PC sur leurs systèmes cognitif, émotionnel, hormonal et neuronal. L’hypothèse de la professeure est que la PC aura des effets à long terme sur tous ces systèmes et que les effets seront plus prononcés chez les femmes ayant pris la PC à un plus jeune âge et sur une plus longue période de temps.
L'organisation cognitive des souvenirs de maltraitance: un modérateur clé de l'association entre la maltraitance en enfance et la santé mentale chez les jeunes adultes
Frédérick Philippe (359 552 dollars)
Un adulte sur trois au Canada rapporte avoir vécu de la maltraitance durant son enfance. La maltraitance au cours de cette période de la vie est associée à des conséquences dévastatrices à l'âge adulte, incluant des problèmes de santé physique et mentale dont les coûts sont estimés à plus de 100 milliards de dollars chaque année. Malheureusement, on connaît mal la façon dont la maltraitance vécue durant l’enfance peut continuer à affecter la santé mentale à l'âge adulte. Une avenue prometteuse consiste à investiguer la manière dont les souvenirs d'événements de maltraitance sont organisés cognitivement et intégrés à différents niveaux du système de mémoire (épisodique et autobiographique).
Le projet de recherche a pour objectif d'examiner les trajectoires de santé mentale au fil du temps chez de jeunes adultes (18 à 40 ans) ayant vécu ou non de la maltraitance durant l’enfance. Il s’agira de déterminer si le niveau d'intégration au système de mémoire des souvenirs de maltraitance permet d'expliquer les associations entre l'intensité de la maltraitance vécue et ces trajectoires. Les retombées du projet permettront d'obtenir les preuves empiriques nécessaires afin de développer de nouvelles interventions visant à cerner les souvenirs liés à la maltraitance et à transformer leur organisation sur le plan de la mémoire.
Source :
Service des communications
UQAM, 31 janvier 2020
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