La pandémie amène son lot d’évènements stressants pour les femmes enceintes. Ce stress particulier pourrait affecter le développement de l’enfant selon des études antérieures comme à la suite de la crise du verglas en 1998. La professeure Cathy Vaillancourt de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) s’intéresse à la question dans le cadre d’une étude intitulée « Résilience et stress périnatal en temps de pandémie au Québec » (RESPPA).
Dans le contexte de la COVID-19, le risque qu’une femme enceinte vive des épisodes de stress, d’anxiété et de dépression est encore plus accru. Les mesures restrictives, le confinement et la distanciation sociale réduisent les sources de soutien social pour les femmes enceintes ou les nouvelles mères. La chercheuse Cathy Vaillancourt et ses collègues Catherine Herba (UQAM), Sarah Lippé (Université de Montréal) et Linda Booij (Université Concordia), vont comparer la façon dont les femmes enceintes vivent ce nouveau stress dans cinq régions du Québec : Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières et l’Abitibi-Témiscamingue.
« Ce ne sont pas les mêmes réalités et les mêmes facteurs de stress à travers la province. Les femmes peuvent avoir à accoucher à la maison ou être amenées à se déplacer beaucoup plus loin qu’à l’habitude pour leur suivi. Avec le confinement, certaines femmes sont aussi plus à risque d’être victimes de violence conjugale », rapporte la professeure Vaillancourt, qui se spécialise dans l’étude des effets de l’exposition à un stress durant la grossesse sur les fonctions placentaires.
L’étude va évaluer le stress chez les mères avec des questionnaires en ligne, en plus d’analyser des échantillons de placenta. Les données placentaires seront analysées avec les données psychosociales afin de mieux saisir les mécanismes biologiques impliqués et de déterminer des biomarqueurs précoces pour mesurer les effets du stress prénatal sur le développement de l’enfant. Par ailleurs, les enfants seront suivis pendant deux ans pour surveiller les troubles de développement cognitif, comme l’autisme. L’équipe souhaite inclure les conjoints dans l’étude, puisque le niveau de stress des pères influence aussi la grossesse.
À travers la cohorte, les chercheuses s’attendent à avoir des femmes testées positives à la COVID-19. « Ça nous permettra de voir l’effet de la maladie sur le placenta, en plus du stress psychologique associé à la crise sanitaire, souligne Cathy Vaillancourt. Nous allons utiliser la cohorte d’une autre étude déjà en cours comme groupe contrôle. Cela nous permettra de mieux comparer les effets du stress, de l’anxiété et de la dépression avec et sans la crise. »
Les résultats de l’étude serviront à établir les facteurs de risque et de protection, incluant les déterminants sociaux de la santé physique et mentale afin de formuler des recommandations et développer des outils pour aider les femmes si une situation semblable survient. Ils permettront également de mieux identifier quelles sont les femmes les plus vulnérables et les faiblesses en ressources (services et soins de santé, politiques publiques, etc.). Ainsi, des stratégies de prévention et d’intervention plus efficaces pourront être développées afin de minimiser les problèmes de santé mentale chez ces femmes et l’effet sur le développement de leurs bébés.
Cette étude, déployée à travers la province, permettra également de développer et de renforcer la recherche interdisciplinaire dans le domaine de la santé dans les territoires et les régions du Québec, et à former une infrastructure de recherche essentielle à long terme.
L’étude bénéficie actuellement d’une subvention de départ du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ), dirigé par Cathy Vaillancourt, et l’équipe est à la recherche de fonds supplémentaires pour mener à bien cette étude longitudinale unique au cours des prochaines années.
Source :
Service des communications
INRS, 9 juin 2020
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