De 2014 à 2015, le nombre de groupes incitant à la haine envers les minorités est passé de 784 à 892 aux États-Unis, selon le plus récent rapport de l'ONG Southern Poverty Law Center (SPLC). Depuis un an, des groupes suprémacistes blancs ont organisé des centaines de manifestations dans le sud du pays pour défendre le controversé drapeau confédéré, un symbole raciste aux yeux de nombreux Américains. «En politique, il ne faut pas sous-estimer l'importance des émotions, comme la haine, la peur, la colère et l'empathie. Celles-ci interagissent avec les processus cognitifs dans la formation des opinions politiques», souligne la professeure du Département de science politique Allison Harell, titulaire de la Chaire de recherche stratégique en psychologie politique de la solidarité sociale, dont le lancement a eu lieu le 21 mars dernier.

Cette nouvelle chaire vise à développer une expertise, unique dans le monde universitaire francophone, concernant les liens complexes entre les émotions, les relations intergroupes et la solidarité sociale. Adoptant une perspective psychologique et expérimentale, Allison Harell étudiera le soutien accordé aux valeurs et attitudes démocratiques dans les pays postindustriels, en particulier au Canada et au Québec. «Je cherche à comprendre quelles sont les bases individuelles et interpersonnelles de la solidarité sociale, dit-elle, et s'il est possible de créer un nous cohésif dans des sociétés caractérisées par la diversité ethnique, culturelle, religieuse et sexuelle. Au Québec, les débats sur les accommodements raisonnables et la Charte des valeurs québécoises ont mis en lumière combien le sentiment d'insécurité culturelle pouvait engendrer une perception négative de la diversité. Ces débats, légitimes et nécessaires, ont soulevé des questions de fond sur les rapports entre le nous majoritaire et les minorités, sur la gestion démocratique de la diversité.»
C'est la diffusion, depuis une quinzaine d'années, d'un discours selon lequel la diversité représenterait une menace pour la cohésion sociale qui a conduit la professeure à s'intéresser à la solidarité sociale. «Ce discours que l'on entend aujourd'hui en Europe autour de la crise des réfugiés ainsi qu'aux États-Unis à l'égard des immigrants, notamment dans la bouche de Donald Trump, prône la défense d'une société homogène en entretenant des sentiments de méfiance et de peur à l'égard de l'autre.»
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ACTUALITÉS UQAM
22 mars 2016