Nicola Hagemeister, professeure-chercheuse.
Une vaste étude clinique visant à évaluer l’utilité de la genougraphie, un nouvel outil diagnostic créé au Québec, a été rendue publique aujourd’hui au Centre de recherche du CHUM. L’équipe scientifique, dirigée par Nicola Hagemeister, professeure au Département de génie des systèmes, à l'ÉTS, et chercheuse au CHUM, démontre la pertinence d’intégrer ce nouvel examen dans la pratique médicale des médecins généralistes, notamment lors de l'évaluation des facteurs de risque biomécaniques liés à la progression de l’arthrose.
La genougraphie, qui est en quelque sorte « l’électrocardiogramme » du genou, aidera les médecins de famille à détecter plus facilement les anomalies liées à l’arthrose et aux blessures du genou, et à adapter le traitement au cas de chaque patient.
Comment fonctionne la genougraphie?
Le système est conçu pour éliminer les artefacts causés par le mouvement de la peau et des muscles. Il est placé sur le membre inférieur du patient.
En utilisant un système optique, le mouvement du genou en 3D est capturé pendant la marche sur un tapis roulant. Le patient doit marcher à une vitesse confortable, dans un contexte dynamique et en charge. Les données sont capturées dans les trois plans de mouvement.
- Les résultats sont immédiats;
- Une explication avec un visuel est disponible pour le patient;
- Des exercices sont proposés pour corriger les déficits biomécaniques.
Une technologie qui améliorera la qualité de vie de centaines de milliers de personnes
L’arthrose est la forme d’arthrite la plus courante et touche un adulte sur dix au Canada. Dans le cas particulier de l’arthrose du genou, des centaines de milliers de Canadiennes et Canadiens pourraient donc profiter de ce nouvel outil de diagnostic et améliorer leur qualité de vie de façon considérable.
Témoignage de Bruny Surin
Le célèbre champion olympique Bruny Surin souffre lui-même d'arthrose du genou. Il a pu tester la genougraphie. Son témoignage est très éloquent quant à son efficacité!
La méthodologie
Cette vaste étude menée sur 450 patients a été publiée dans Postgraduate Medicine. Les patients, suivis à 0 et à 6 mois, ont été divisés en trois groupes :
- le premier groupe bénéficiait d’un suivi traditionnel par un généraliste ;
- le second groupe était traité par un omnipraticien après une genougraphie (recommandations de traitement et exercices adaptés) ;
- le troisième groupe bénéficiait, de plus, d’une formation d’une heure sur les causes de l’arthrose du genou et les exercices à faire, suivie de deux rencontres avec un thérapeute.
Les patients des deux groupes pris en charge avec la genougraphie (groupe 2 et groupe 3) ont constaté une diminution significative de leurs symptômes et de leur douleur, ainsi qu’une amélioration de leur motricité lors de leurs activités quotidiennes. Le fait d’être informé (3e groupe) améliorait encore ces bons résultats cliniques.
Pour le médecin de famille, la genougraphie, ou l’analyse du genou en mouvement, se présente comme un véritable atout. Elle aide à diagnostiquer les causes des symptômes, permet de personnaliser le traitement des patients, de limiter le recours à des examens inutiles, comme la résonnance magnétique, et d’optimiser la prise en charge. Dans certains cas, la chirurgie est retardée, voire annulée
Chiffres à retenir
- 450 patients ont participé à l’étude;
- 2/3 des participants étaient des femmes;
- L’âge moyen des participants était de 63 ans;
- Les symptômes d’arthrose du genou étaient présents depuis près de 6 ans, en moyenne;
- 300 médecins de famille ont participé à ce recrutement;
- Dans le cas du 3e groupe de patients (rencontre avec médecin + genougraphie + formation), au maximum trois séances encadrées d’exercices de rééducation ont suffi pour que le patient ressente moins de douleurs et soit plus mobile;
- Les deux groupes pris en charge avec la genougraphie (groupe 2 et groupe 3) ont adhéré fortement à leurs programmes d’exercices à faire à la maison;
- 9 médecins sur 10 affirment que la genougraphie a été utile dans leur pratique.
Source :
Service des communications
ÉTS, 1er octobre 2019
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