Aller au contenu principal

La perte de l’odorat, symptôme précoce de la Covid-19?

Johannes Frasnelli, professeur au Département d’anatomie.

À mesure que notre connaissance de la Covid-19 s’affine, certaines tendances apparaissent, ouvrant la porte à des pistes de recherche pour les scientifiques du monde. Une piste qui semble de plus en plus probante met en évidence une perte de l’odorat chez la personne infectée comme symptôme précoce de l’apparition de la maladie. « Le trouble de l’odorat pourrait se manifester de façon précoce, autant chez les personnes autrement asymptomatiques que chez les patients ayant des symptômes », affirme le professeur Johannes Frasnelli du Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

« Il s’agit donc d’une piste importante pour détecter la maladie rapidement, surtout si la personne qui remarque ce symptôme peut s’auto-confiner en attendant de passer un test de dépistage », poursuit ce spécialiste de l’odorat, qui dirige le groupe de chercheurs canadiens liés au Global Consortium for Chemosensory Research (GCCR).

Le GCCR mène d’ailleurs une étude mondiale pour mieux comprendre l’anosmie – terme scientifique pour décrire la perte soudaine de l’odorat – chez les individus infectés ou présumément infectés par la Covid-19. « Bien qu’il faille pousser plus loin les études sur le sujet, la tendance actuelle suggère que plus de 60 % des patients infectés par la Covid-19 perdent l’odorat et qu’il s’agirait du premier symptôme perçu de la maladie », précise le chercheur de l’UQTR.

Le nez : une porte d’entrée pour le virus

Bien que la perte soudaine et permanente de l’odorat soit un phénomène relativement rare, il peut s’agir d’une condition temporaire chez les personnes ayant attrapé une infection respiratoire (qu’on pense seulement à la grippe saisonnière). C’est que l’épithélium olfactif – une muqueuse de la cavité nasale dont la fonction principale consiste à détecter des molécules odorantes présentes dans l’environnement d’un individu – est la première structure de traitement des informations olfactives qui entrent par le nez.

« L’épithélium olfactif est composé de cellules réceptrices. Ces cellules portent des récepteurs olfactifs qui répondent aux molécules entrant dans le nez. Comme le coronavirus entre par les voies respiratoires, notamment sous la forme de gouttelettes, les cellules de l’épithélium olfactif capteraient ces molécules infectées et seraient ainsi affectées en premier », soutient Johannes Frasnelli. Cette hypothèse concorde d’ailleurs avec ce qui a été observé en 2002-2003 dans le contexte de l’épidémie du SRAS causée par un coronavirus du même type.

« Ensuite, ajoute le chercheur de l’UQTR, il faut déterminer si l’anosmie générée par la Covid-19 laisse des séquelles permanentes sur l’odorat des personnes infectées. »

Étude mondiale sur le lien entre l’odorat et la Covid-19

L’étude mondiale menée par le GCCR, qui regroupe quelque 500 chercheurs à travers le monde, tente justement de confirmer ou infirmer ces hypothèses en allant chercher des données auprès des personnes infectées, avec des symptômes ou asymptomatiques, de différentes caractéristiques sociodémographiques (pays d’origine, âge, sexe, etc.). Le questionnaire en ligne, disponible en plus de 30 langues, a déjà été rempli par près de 30 000 personnes à travers le globe.

Source :
Service des communications
UQTR, 6 mai 2020

Toutes les actualités de l'Université du Québec à Trois-Rivières >>>

© Université du Québec, 2024

Mise à jour: