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La révolution inachevée du partage des tâches

2019-02-25

La «  révolution inachevée  » du partage des tâches domestiques, lorsqu’elle sera complétée, fera reculer le divorce et augmenter la fertilité. C’est ce que certains avancent, et la professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Maude Pugliese et ses collègues d’autres universités Ana Fostik, Maude Boulet et Céline Le Bourdais, ont voulu mettre cette hypothèse à l’épreuve en dirigeant la plus récente édition des Cahiers de recherche sociologique, publiée la semaine dernière. 

Les huit études dévoilées à cette occasion touchent plusieurs enjeux actuels, dont le lien entre le partage équitable des tâches et le désir de fonder une famille, la répartition de la garde des enfants après une séparation et le regard des femmes qui fréquentent des hommes plus jeunes quant à la capacité parentale de ces derniers.

Les femmes ont investi massivement le marché du travail depuis les années 1970, déstabilisant la structure traditionnelle des rôles de genre. Cependant, la transformation sociale est encore partielle : les femmes prennent toujours en charge la majorité du travail domestique et de la charge mentale. Des chercheurs avancent depuis quelques années que ce caractère inachevé de l’évolution des rôles traditionnels des hommes et des femmes engendre du stress, de la fatigue et des insatisfactions au sein des unions. Cela expliquerait qu'elles soient devenues plus instables et que le nombre d’enfants par femme soit plus faible qu’auparavant.
 
Or, les chercheurs avancent aussi qu’à mesure qu’elles acquièrent du pouvoir économique, les femmes refuseraient de s’engager dans des unions peu égalitaires. Selon cette logique, lorsque la transition vers l’égalité réelle sera complétée, les parents pourraient se remettre à faire plus d’enfants. Les directrices du numéro baptisent ce courant la « théorie de la révolution des rôles de genre ». « Nous voulions vérifier si cette idée s’incarne dans le vécu des couples d’aujourd’hui », explique Maude Pugliese. 
 
Le choc du premier bébé
Constat général : un partage plus égalitaire semble effectivement engendrer un effet positif. « Les différentes recherches pointent vers l’idée que plus d’égalité semble favoriser la pérennité du couple et le désir d’enfant, mais avec des nuances », observe Maude Pugliese. 
 
Les couples où les hommes et les femmes assument des rôles plus « traditionnels » paraissent plus rapidement disposés à fonder une famille, constatent d’abord les professeur.e.s à l’INRS Laurence Charton et Nong Zhu. Mais l’arrivée d’un premier bébé accentue ensuite les inégalités domestiques à la défaveur des femmes et crée des tensions, observent-ils également. Conséquence : les tensions réduisent fortement les intentions d’avoir un 2e ou un 3e enfant surtout pour les femmes. 
 
 
Source : 
Amélie Daoust-Boisvert 
INRS, 12 février 2019 
 

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Mise à jour: 27 mars 2023