Des candidats des quatre partis politiques ont croisé le fer lors d'un débat organisé en collaboration avec Le Devoir.

« L'éducation est devenue la priorité des priorités. C'est du moins ce que les politiciens nous disent depuis le début de la campagne électorale. Ce soir, nous allons découvrir si c'est vrai », a lancé le directeur du Devoir Brian Myles (M.A. communication, 2009), qui animait un débat sur les grands enjeux en éducation tenu à l'UQAM le 11 septembre. Plus de 700 personnes se sont réunies à la salle Marie-Gérin-Lajoie pour entendre les représentants des quatre partis politiques croiser le fer sur de nombreux dossiers: maternelles 4 ans, décrochage scolaire, valorisation de la profession enseignante, élèves avec besoins particuliers, accessibilité aux études, financement des universités… Dans le cadre de la série «Le Devoir de débattre», l'événement était organisé par l'UQAM et Le Devoir, en collaboration avec le Bureau des diplômés et les Conseils de diplômés de la Faculté des sciences de l'éducation et de la Faculté de science politique et de droit.
La ministre responsable de l'enseignement supérieur Hélène David, députée et candidate du Parti libéral dans Marguerite-Bourgeoys, s'est souvent retrouvée sur la sellette au cours du débat. Les candidats des autres partis politiques – Carole Poirier, du Parti québécois (Hochelaga-Maisonneuve), Jean-François Roberge, de la Coalition avenir Québec (Chambly), et Christine Labrie, de Québec solidaire (Sherbrooke) – ont critiqué les compressions budgétaires du gouvernement libéral qui ont mis à mal le réseau de l'éducation.
Les échanges les plus vifs ont porté, notamment, sur la place et le rôle des commissions scolaires – la Coalition avenir Québec vise à les transformer en centres de services –, sur le manque d'enseignants et de professionnels (orthopédagogues, orthophonistes, psychoéducateurs) dans les écoles et sur l'abolition du financement des écoles privées.
Certains consensus ont toutefois émergé des discussions. Ainsi, les quatre candidats sont opposés à la création d'un ordre professionnel des enseignants, mais estiment que ces derniers doivent être mieux rémunérés. La solidaire Christine Labrie appuie le projet du Parti québécois de mettre en place un «bouclier budgétaire» afin de protéger l'éducation d'éventuelles compressions.
Financement universitaire
Les enjeux relevant de l'éducation supérieure ont occupé peu de place dans le débat. Hélène David a défendu le bilan de son gouvernement en soulignant les hausses de financement accordées récemment aux universités. De son côté, la solidaire Christine Labrie a rappelé le déséquilibre en matière de financement entre les universités en région et celles situées dans les grands centres urbains.
Faut-il maintenir le modèle de financement des universités établi par le gouvernement libéral, qui lie les enveloppes budgétaires à l'atteinte de certains objectifs?, a demandé Brian Myles. Le candidat caquiste a dénoncé le fait que des universités recrutant davantage d'étudiants étrangers pourront recevoir un supplément financier. « Cela accroîtra l'écart de richesse entre les universités francophones et anglophones », a-t-il souligné. Abondant dans ce sens, Carole Poirier a rappelé que les nouvelles règles de financement ont permis de déplafonner les frais de scolarité des étudiants étrangers, favorisant les universités anglophones, qui sont particulièrement populaires auprès de ces étudiants. « On accentue ainsi la compétition entre les universités pour le recrutement d'étudiants provenant d'autres pays, au détriment des universités en région », a affirmé la candidate péquiste. «I l faut davantage d'équité et accorder une subvention de compensation aux universités francophones », a ajouté Jean-François Roberge.
Citant la création de campus régionaux et l'installation prochaine de HEC Montréal dans le centre-ville de la métropole, à proximité de l'ESG UQAM, la plupart des candidats ont déploré la rivalité croissante entre les universités québécoises pour attirer des étudiants. « Une rivalité qui est attisée par le sous-financement des universités », a déclaré Christine Labrie.
En réponse à des questions en rafale, tous les candidats ont déclaré être en faveur de la rémunération des stages effectués par les futurs enseignants dans les écoles. Pour ou contre un salaire minimum garanti aux étudiants universitaires ? Pour, ont répondu Carole Poirier et Christine Labrie, alors qu'Hélène David et Jean-François Roberge étaient contre. Tous, à l'exception de Christine Labrie, ont dit oui à la création d'un institut national d'excellence en éducation.
Enfin, les candidats des quatre formations politiques se sont prononcés pour la tenue rapide de nouveaux états généraux sur l'éducation et ont appelé à s'inspirer de Paul Gérin-Lajoie, décédé cet été, qui a œuvré pour l'accessibilité du plus grand nombre aux études.
On peut voir d'autres photos de l'événement en consultant l'album publié par le Bureau des diplômés.
Source :
Claude Gauvreau
UQAM, 12 septembre 2018