2019-01-31
Des interventions de santé publique qui ont débuté dans les années 1910 ont permis l’avènement de la génération des baby-boomers. Sans l’amélioration notable des conditions sanitaires 30 ans en amont, 60 % des enfants du baby-boom de 1945-1964, soit plus de 700 000 Québécois, n’auraient jamais vu le jour.
Une étude étonnante menée conjointement à l’Université Concordia et à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) déconstruit les mythes fondateurs du baby-boom. En fait, « le nombre d’enfants par femme mariée diminue lors du baby-boom, c’est contre le sens commun », explique le professeur à l’INRS Benoît Laplante.
Publiée en novembre dans Population Studies, la recherche conduite avec la professeure Danielle Gauvreau de l’Université Concordia montre que les femmes qui allaient devenir les mères des baby-boomers ont été plus nombreuses à survivre jusqu’à l’âge adulte. De plus, elles se sont mariées dans une plus forte proportion que la génération précédente. Ces deux facteurs, soit la diminution de la mortalité et l’augmentation de la nuptialité, expliquent 89 % des 1,2 million de naissances supplémentaires survenues au Québec lors de l’explosion démographique qui suit la Deuxième Guerre mondiale.
Une étude montre comment des améliorations dans les conditions de vie dès les années 1910 bouleversent 30 ans plus tard la démographie québécoise.
« Sans ces deux phénomènes conjoints, il n’y aurait en fait pas vraiment eu de baby-boom », constate la professeure Danielle Gauvreau.
La santé publique change la donne
La diminution de la mortalité infantile et juvénile à partir des années 1910 prépare le terrain du futur baby-boom.
Le Québec ne dispose pas, à l’époque, de données systématiques sur la dynamique de sa population. Ce n’est qu’en 1926 que l’État collige officiellement les statistiques de l’état civil, soit les naissances, les décès et les mariages.
Ces statistiques ébranlent les autorités, indique Benoît Laplante. « On constate que les enfants tombent comme des mouches. Les données réveillent le monde, et c’est alors que les politiques de santé publique, même avant l’arrivée des antibiotiques, font enfin reculer la mortalité infantile. » Construction d’égouts, vaccination, mesures d’hygiène et alimentation jouent un rôle central. De 127 décès pour 1000 en 1926, la mortalité infantile chute à 83 pour 1000 en 1936, et continue à s’améliorer dans les années subséquentes.