La résolution de problèmes écrits de mathématiques représente une étape importante dans les apprentissages des élèves du primaire. Titulaire d’un doctorat en éducation, Marie-Pier Goulet s’est penchée dans sa thèse sur l’écart entre les modèles de résolution de problèmes proposés par la recherche et leur application par les enseignants.
Dans le cadre de ses travaux de recherche, Mme Goulet a voulu faire la lumière sur la façon dont les modèles de résolution de problèmes mathématiques proposés par la recherche sont transposés en méthodes pouvant être présentées aux élèves du primaire. Selon la littérature sur le sujet, il est important que les élèves puissent se créer une représentation mentale des énoncés de problèmes à résoudre, alliant les informations qui sont clairement indiquées dans le texte aux informations davantage implicites.
La chercheuse de l’UQAR a réalisé dix entrevues auprès d’enseignants du primaire lors d’une phase exploratoire de ses travaux de recherche. Les résultats suggèrent que la pratique est plutôt orientée vers des méthodes séquentielles qui exploitent principalement le repérage des informations explicites. Un exemple flagrant de la différence entre la recherche et la pratique est la méthode de type « ce que je sais, ce que je cherche » qui est fréquemment utilisée en classe et qui présente aux élèves une démarche qui encourage un repérage plutôt superficiel des éléments de l’énoncé de problème au lieu d’amener les élèves à faire des liens entre les informations présentées.
Pour confirmer l’existence d’un tel écart, le projet de recherche mené par Marie-Pier Goulet sous la direction de Dominic Voyer, professeur en didactique des mathématiques à l’UQAR, s’est déroulé en trois phases distinctes. La première phase s’intéressait aux pratiques déclarées des enseignants, la deuxième portait sur l’utilisation de la méthode « ce que je sais, ce que je cherche » par les élèves de quatrième année du primaire et la troisième phase concernait les conséquences possibles de l’utilisation de cette méthode. « Les données obtenues confirment l’existence d’un écart entre la recherche et la pratique, écart créé par des pratiques privilégiant une utilisation séquentielle et inflexible de méthodes de résolution de problèmes », indique Mme Goulet.
D’ailleurs, tout indique que la méthode « ce que je sais, ce que je cherche » n’influence pas nécessairement la compréhension des élèves de l’échantillon vis-à-vis des problèmes écrits de mathématiques. Du moins, elle ne semble pas l’améliorer ni lui nuire. Cependant, les résultats de la recherche suggèrent que cette méthode influence négativement le développement de fausses croyances chez les enfants.
« Sachant maintenant que le tiers des enseignants du primaire imposent la méthode à leurs élèves et exigent ensuite que toutes les étapes soient utilisées de façon séquentielle, on peut raisonnablement défendre l’idée selon laquelle l’utilisation de la méthode vient influencer, d’une façon ou d’une autre, les croyances des élèves », observe la diplômée au doctorat en éducation.
Source :
Maude Baribeault
UQAR, 9 janvier 2019