2016-10-25
Une nouvelle étude montre que les lacs européens se sont appauvris en oxygène dès 1850 et que ce phénomène s’est généralisé après 1900, soit bien avant l’utilisation de fertilisants et le réchauffement climatique. Une équipe de chercheurs canadiens et européens ont identifié l’expansion urbaine comme étant à l’origine de l’apparition de l’hypoxie, c’est-à-dire le manque d’oxygène biodisponible, dans de nombreux lacs en Europe au cours des derniers siècles. Publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences, les résultats de cette étude dirigée par le chercheur postdoctoral Jean-Philippe Jenny et par le professeur Pierre Francus de l’INRS suggèrent que l'augmentation de la pollution des eaux usées au tournant du siècle a conduit à l'augmentation de la productivité biologique des lacs, laquelle a provoqué une augmentation de la consommation d’oxygène.

Les chercheurs ont analysé des données provenant de plus de 1 500 bassins hydrographiques européens, incluant des données sur le climat, l’occupation du territoire et les sédiments lacustres. Pour la première fois, ils ont utilisé des reconstitutions de la dynamique de l’occupation et de l’utilisation des sols à l’échelle d’un continent et les ont mis en parallèle avec leurs propres reconstitutions de l’appauvrissement en oxygène au cours des 300 dernières années. Ils ont ainsi pu discriminer la provenance des rejets de sources urbaines, principalement le phosphore, comme étant le facteur responsable du déclenchement de l’hypoxie dans les eaux profondes des lacs dès le début du 20e siècle.
« Déterminer avec précision la source du nutriment responsable de la diminution d’oxygène a représenté un réel défi, en raison notamment des variations dans les facteurs de stress environnementaux à l’échelle régionale et de leurs interactions, ainsi que la fiabilité des données à long terme », précise le professeur Francus du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS.
« Les sources ponctuelles et diffuses ont toujours contribué aux apports de nutriments dans les lacs, mais à des intensités variables dans le temps et l’espace. Nos résultats montrent que les sources ponctuelles urbaines de phosphore sont le facteur dominant de l’eutrophisation des lacs européens au cours de l’Anthropocène », souligne le chercheur Jean-Philippe Jenny, maintenant affilié à l’Institut Max Planck de biogéochimie en Allemagne.
Source :
Gisèle Bolduc
INRS, 24 octobre 2016
Gisèle Bolduc
INRS, 24 octobre 2016