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Mission au Brésil

2016-08-11

Les professeurs du Département de psychologie Marc Bigras et Chantal Cyr ainsi que l'étudiante au doctorat Andrea da Luz Machado passeront les prochaines semaines au Brésil, mais ils n'auront pas la chance d'assister aux Jeux. C'est loin de la grande messe olympique que s'accomplira leur mission, plus précisément dans deux villes du nord-est brésilien,  Fortaleza et Feira de Santana. Leur but? Sensibiliser des collègues universitaires, des pédiatres et divers agents de la santé publique à une nouvelle approche préventive de la violence interpersonnelle.

«La violence interpersonnelle est le problème de santé publique numéro un au Brésil», relève Marc Bigras. Auparavant, ce problème responsable d'un taux élevé de mortalité et de morbidité – la violence est la cause, entre autres, d'importants problèmes de développement chez les enfants – était vu essentiellement comme l'affaire des policiers. De plus en plus, explique le professeur, on le perçoit comme un problème de santé publique, d'où l'intérêt de l'approche préventive  proposée par les chercheurs de l'UQAM. «Cette approche vise à renforcer les liens d'attachement parent-enfant, lesquels sont connus pour être à la source des compétences cognitives et sociales nécessaires à la socialisation dès le jeune âge et pour la toute vie.»

Inspirée d'une méthode développée en Hollande, l'approche mise au point par Chantal Cyr utilise la rétroaction vidéo. Les parents sont filmés en interaction avec leur enfant et un intervenant les aide à identifier leurs comportements rassurants, de manière à les renforcer. «Il a été démontré que trois ou quatre interventions d'une heure suffisent pour augmenter la probabilité d'établir un lien d'attachement sécurisant, si important pour le développement de l'enfant», souligne Marc Bigras.

À l'origine développée pour intervenir auprès de parents de nourrissons, l'approche a été adaptée par Chantal Cyr et des collègues pour aider des parents d'enfants plus âgés. «Leurs résultats sont très encourageants, étant donné qu'il est réputé plus difficile de rétablir un lien d'attachement avec des enfants plus vieux», mentionne le psychologue.

Bien étayée sur le plan scientifique, l'approche doit maintenant être testée sur de grands nombres de sujets dans des contextes variés. Le projet mené au Brésil avec les collègues de l'Université fédérale du Ceara (Fortaleza) s'inscrit dans cette logique. En plus des psychologues et  pédiatres, des agents communautaires travaillant au niveau des quartiers seront sensibilisés à la nouvelle approche. «Si on peut former ces agents communautaires à donner une rétroaction vidéo, ce qui est devenu très facile avec le téléphones cellulaire, nous passerons d'une situation de laboratoire à une situation de vie de tous les jours nous permettant de déterminer si l'approche produit les effets escomptés à large échelle», dit Marc Bigras. On espère aussi que les travailleurs communautaires ainsi formés pourront en former d'autres à leur tour, servant ainsi de multiplicateurs à la propagation de cette approche de prévention de la violence.

De retour à Montréal, les deux professeurs continueront à faire de la supervision à distance alors que la doctorante Andrea da Luz Machado, elle-même brésilienne d'origine, restera sur place pendant trois mois pour continuer la formation. Titulaire d'une «Bourse sans frontières» du Conseil national pour le développement scientifique et technologique du Brésil, l'étudiante mène des recherches portant sur l'effet de la santé mentale de jeunes mères sur le développement de l'attachement de nourrissons de milieux très pauvres de la ville de Fortaleza.

Source :
Marie-Claude Bourdon
Actualités UQAM
2 août 2016

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Mise à jour: 22 mars 2023