
Donna Strickland et Gérard Mourou, lauréats 2018 du prix Nobel de physique
À Stockholm, en Suède, chaque 10 décembre est un jour de célébration du savoir et de la science, alors qu’une éminente assemblée remet les médailles des prix Nobel. Les physiciens Gérard Mourou et Donna Strickland, lauréats 2018, sont à l’honneur cette année pour l’invention de l’amplification par dérive de fréquence, une méthode qui a révolutionné la science des lasers. Reconnaissance scientifique ultime, ce prix Nobel revêt une importance toute particulière pour l’INRS, qui est très fier d’être associé aux travaux primés. Deux proches collaborateurs des lauréats, les professeurs Henri Pépin et Jean-Claude Kieffer, ont été conviés à la cérémonie pour partager ce moment unique.
Au début des années 1980, à l’Université de Rochester, Gérard Mourou était confronté à une question pressante pour la science des lasers. La puissance déployée par les lasers provoquait des bris matériels, freinant du même coup les avancées scientifiques pour rendre les lasers plus puissants. Le concept qu’il élabore à cette époque change la façon dont les impulsions lasers sont générées afin d’en accroître grandement l’intensité, sans mettre à mal les équipements des laboratoires.
Alors étudiante au doctorat sous la direction du professeur Mourou, la Canadienne Donna Strickland s’affaire à traduire le concept encore théorique en un montage expérimental fonctionnel, une tâche d’une incroyable complexité. Dès les débuts de ces importants travaux, le professeur Henri Pépin de l’INRS collabore avec l’équipe de l’Université de Rochester. Jean-Claude Kieffer et
Mohamed Chaker, qui travaillaient avec le professeur Pépin, ont été les témoins des premiers balbutiements d’une technologie qui aura un grand impact sur leur carrière.
« La mise en œuvre expérimentale est certainement aussi complexe que l’idée elle-même », insiste le professeur Kieffer. « Donna Strickland, bien qu’elle fut au doctorat, a occupé une place majeure dans la conception des expérimentations. Il s’agit d’une étape très difficile lorsqu’une idée est aussi nouvelle et que tout est à construire. Elle a donc autant de mérite que l’idéateur, Gérard Mourou, dans cette réussite. »
En 1989,
un premier article scientifique présente des résultats obtenus grâce à l’amplification par dérive de fréquence. Jean-Claude Kieffer y figure comme premier auteur et plusieurs autres chercheurs de l’INRS le signent également. L’équipe de l’INRS poursuit l’étroite collaboration pendant de nombreuses années et est la première au monde à se doter d’un laser basé sur la méthode désormais célèbre.
Comme le souligne le professeur Kieffer, la technologie conçue par ses collaborateurs est aujourd’hui à la base d’outils en santé, notamment en ophtalmologie pour la détection précoce du cancer du sein, et en agriculture, en plus d’offrir des possibilités immenses en recherche fondamentale.
Source :
Stéphanie Thibault
INRS, 10 décembre 2018