En abaissant leurs taux directeurs, les banques centrales ont limité les dommages de la dernière crise financière. Mais risquent-elles d’en provoquer une autre en continuant d’agir ainsi?

Une structure flexible maximise les chances d’un bâtiment de rester debout lorsque la terre tremble. » C’est l’image qu’utilise David Tessier, professeur au département des sciences administratives de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), pour parler de la politique monétaire des États. En variant les taux d’intérêt et les taux de change, les banques centrales permettent à leur pays de mieux absorber les secousses d’une crise économique. Et de rester debout!
La preuve? Pensons à la Grèce qui incarne actuellement l’antithèse d’un système flexible, selon le professeur. Ce pays, enfoncé dans une crise économique et sociale depuis quelques années, ne possède plus de contrôle sur les taux d’intérêt et les taux de change depuis qu’il a adopté la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). « Il n’a plus aucune marge de manoeuvre et il est sujet à tous les chocs », analyse David Tessier.
Lors de la crise financière de 2007 et 2008, la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine (Fed) se sont servies de cette flexibilité pour limiter les dégâts. Elles ont abaissé rapidement leurs taux directeurs. Ces derniers correspondent aux taux d’intérêt en vigueur lorsque les institutions financières du pays se prêtent des fonds pour la durée d’une journée. Les taux directeurs influencent ensuite l’ensemble des autres taux d’intérêt. « La banque centrale baisse les taux pour inciter les gens à consommer et à investir davantage », explique M. Tessier.
Ainsi, aux États-Unis, les taux directeurs sont passés de 5,25 % au cours de l’été 2007 à une fourchette entre 0 % et 0,25 % à la fin de l’année 2008. Au Canada, ils ont chuté de 4,25 % à 0,25 % entre janvier 2008 et avril 2009.
Source :
Etienne Plamondon Emond
La recherche dans le réseau
de l'Université du Québec
Québec Science
Avril-mai 2017, p. : IX-X.