Aller au contenu principal

Récits visuels de l'intime

2016-01-25

L'expansion actuelle du numérique est en voie de transformer le statut du document personnel, croit la professeure du Département de sociologie Magali Uhl. «Les sites Web d'exposition de soi, comme Facebook et My Space, les films tournés avec un téléphone cellulaire et les sites de partage de vidéos ou de photos, comme Instagram, sont devenus les nouveaux documents de l'intime et se sont substitués aux archives textuelles – lettres manuscrites, correspondances, journaux intimes, récits de vie – que l'on étudiait auparavant pour appréhender la réalité sociale», observe-t-elle.

Comment l'intimité se représente-t-elle visuellement à l'ère des pratiques photographiques, cinématographiques et numériques amateurs? Selon quels procédés, découpages et montages opèrent les artistes actuels pour tracer les contours du soi contemporain et quels types de narration en proposent-ils? Comment ces deux univers se nourrissent-ils mutuellement?  Ces questions sont abordées dans un ouvrage collectif, Les récits visuels de soi. Mise en récit artistique et nouvelles scénographies de l'intime (Presses universitaires de Paris Ouest), dirigé par la professeure, également directrice de l'antenne UQAM du Centre interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT).

L'ouvrage réunit les contributions de chercheurs provenant de divers horizons (sociologie, anthropologie, études littéraires), qui se penchent sur des œuvres d'artistes contemporains – bandes dessinées, vidéos, images photographiques, cinématographiques et numériques – mettant en scène des récits de l'intime au moyen d'expérimentations visuelles. «La figure du soi est au centre du propos, mais dans ses liens au social qui l'abrite, dit Magali Uhl. S'il est question de l'histoire, notamment de ses tragédies, telles que l'Holocauste, les expériences de dictatures en Amérique du Sud ou la colonisation de l'Algérie, c'est par l'expérience des témoins qu'elle est approchée.»  

La chercheuse fait partie du petit nombre de sociologues québécois qui explorent et interrogent le social à partir de la mise en scène de soi à l'aide de la culture visuelle. «À côté d'une sociologie des déterminismes sociaux, qui essaie de comprendre la société à travers ses institutions –famille, travail, école –, une autre sociologie s'intéresse davantage au sujet individuel, à la façon dont celui-ci ressent et expérimente le social», explique Magali Uhl.

Celle-ci cite l'exemple du photo-journal de l'écrivaine française Annie Ernaux, qui ouvre la récente réédition de ses écrits en un unique volume intitulé Écrire la vie. «Son photo-journal mêle deux types de documents personnels: l'album familial et le journal intime. On y voit à la fois sa trajectoire sociale et son expérience subjective», note la professeure.

Lire la suite >>>

Source :
Claude Gauvreau
ACTUALITÉS UQAM
19 janvier 2016
 

Copyright © 2015  –  Université du Québec  –  Tous droits réservés  –  

Mise à jour: 27 mars 2023