Une campagne de l'école de fouilles archéologiques de l'Université de Montréal a été complétée cet été à l'île Saint-Bernard à Châteauguay (photo). L'équipe de 2015 était dirigée par Adian Burke, professeur d'anthropologie à l'Université de Montréal et Geneviève Treyvaud, chercheuse postdoctorale au Centre Terre Eau Environnement de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). Onze étudiants de plusieurs établissements universitaires québécois (Concordia, INRS, MCGill, Université de Montréal, Université Laval) y participaient, dont les doctorantes de l'INRS Camille Guilleux et Karista Hudelson, ainsi que des étudiants de la Première Nation Mohawk de Kahnawà:ke.

Durant la campagne estivale, quatre carrés de fouille ont été ouverts : deux devant l'ancien manoir des Soeurs grises et deux entre le manoir et la maison Marguerite. Une partie des murs de fondation de deux bâtiments a été mis au jour devant le manoir dans des couches datant du 18e et du 17e siècles. L'étude du mur et des objets trouvés (terre cuite commune vernissée, tessons de verre, balles de mousquet et pierres à fusil) suggère que cette construction est associée à la maison seigneuriale et à son occupation datant de la période de Robutel de La Noue au 18e siècle.
Les travaux réalisés entre l'ancien manoir des Soeurs grises et la maison Marguerite ont aussi révélé les fondations d'un mur très ancien ainsi que plusieurs objets, dont des céramiques de type faïence, des pipes en terre cuite, etc. Ces vestiges pourraient être associés à des occupations datant de l'établissement de Charles LeMoyne au 17e siècle. Des artéfacts typiques des occupations amérindiennes du 16e et 17e siècles ont aussi été trouvés dans ces couches (cônes clinquants forgés à partir de chaudrons de cuivre, perles de traite, poterie de facture amérindienne).
Archéométrie et interdisciplinarité : le rôle de l'INRS
L'archéométrie désigne l'ensemble des techniques et des méthodes d'analyses spécifiques utilisées en archéologie, comme la datation au radiocarbone, la tomodensitométrie, la thermoluminescence, etc. De nos jours, la recherche archéologique a élargi ses objectifs et inclut la reconstitution des modes de vie et de leurs changements au fil du temps afin de mieux comprendre les sociétés du passé et par le fait même celles d'aujourd'hui. Ainsi, de nouvelles méthodes et collaborations (entre archéologues, chimistes, physiciens, géologues et biologistes) se sont développées. La diversité des laboratoires et des spécialités des chercheurs du Centre Eau Terre Environnement de l'INRS en font un lieu idéal pour réaliser un projet archéologique basé sur l'interdisciplinarité. La codirectrice du projet, Geneviève Treyvaud, travaille depuis 2009 avec le laboratoire multidisciplinaire de scanographie de l'INRS pour caractériser les matériaux archéologiques par tomodensitométrie. Cette méthode permet d'étudier les artéfacts dans leur intégrité. Elle permet de déterminer les types de matériaux et les modes de fabrication, d'utilisation et de transformation des objets. Depuis le printemps dernier, la chercheuse réalise un projet postdoctoral dans ce laboratoire dont l'objectif est de créer une base de données sur les matériaux archéologiques présents sur les sites du Nord-Est canadien et de développer une expertise en archéologie à l'INRS.
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Source :
Mathilde Renaud et Geneviève Treyvaud
Étudiantes à l'INRS