Une équipe de chercheurs de l’UQAR mène des travaux afin de développer une truite d’élevage plus écologique qui présente une haute teneur en oméga-3 et en antioxydants. Un poisson qui permettrait d’assurer une certaine autonomie alimentaire dans un contexte où l’industrie de la pêche commerciale fait face à d’importants défis en raison des changements mondiaux qui ont une incidence sur les océans.

Bernard-Antonin Dupont-Cyr en compagnie du professeur Pierre Blier.
Cet ambitieux projet de recherche a été lancé il y a cinq ans. Sous la direction du professeur Pierre Blier, les travaux réalisés avec les entreprises Pisciculture des Monts de Bellechasse et Aquaculture Gaspésie visent à créer un produit de niche à partir de l’omble chevalier. « Nous voulons développer une aquaculture qui respecte les contraintes environnementales et qui limite la pression sur les ressources. Présentement, pour produire du poisson, on doit pêcher du poisson. Par kilo de poisson, il faut exploiter jusqu’à cinq kilos de poisson des pêches », indique le professeur Blier.
La gestion des stocks de poisson est d’ailleurs un enjeu majeur pour l’industrie de la pêche commerciale, souligne le professeur en écophysiologie et en physiologie évolutive de l’UQAR. « Plusieurs chercheurs en océanographie considèrent que nous avons atteint le seuil de la capacité d’extraction pour la majorité des espèces commerciales. Ainsi, nous hypothéquons les populations et bientôt la pêche commerciale ne sera plus en mesure de répondre à la demande pour la consommation humaine. Il faut donc trouver un moyen de se soustraire à la pêche commerciale pour produire du poisson. »
L’équipe du professeur Blier compte développer un omble chevalier plus écologique en modifiant son alimentation. Étant un poisson carnivore, l’omble chevalier assure ses besoins en lipides (huiles et graisses) par une alimentation riche en invertébrés et en poissons. Cette alimentation naturelle contient des omégas-3, plus précisément des acides gras comme le ADH (acide docosahéxaéonique) et l’AEP (acide eïcosapentaènoïque). Ces huiles sont reconnues comme étant bénéfiques pour la santé des humains, notamment à l’égard de la prévention des maladies cardiovasculaires, du diabète et de la protection du système nerveux en plus d’avoir des propriétés anti-inflammatoires.
L’équipe de chercheurs a donc tenté de remplacer les huiles de poisson par de l’huile végétale, soit de l’huile de lin, dans l’alimentation de l’omble chevalier. « À la base, l’omble ne consomme pas les huiles végétales et les huiles végétales que nous leur donnons ne contiennent pas de ADH et d’AEP. Il doit donc les produire à partir des huiles végétales consommées. Nos travaux ont permis de démontrer que cette modification de son alimentation ne modifie ni son taux de croissance ni sa santé, ce qui était deux préoccupations importantes pour nous », explique le professeur Blier. « De plus, il n’y a pas d’effet significatif sur le contenu en oméga-3 du poisson. »
Source :
Jean-François Bouchard
UQAR-Info, 29 mars 2017