Chaque année depuis 2009, 20 à 30 millions de citoyens des pays du Sud ont dû évacuer leur lieu de résidence, chassés par la sécheresse et par la faim causées par le réchauffement climatique, ou parce qu'ils ont fui des événements extrêmes comme les typhons, les cyclones et les pluies diluviennes. L'ONU parle, dans leur cas, de «réfugiés climatiques».
Du 30 novembre au 11 décembre, plus de 40 000 personnes participeront, à Paris, à la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies (COP 21) sur les changements climatiques. Il s'agit d'une échéance cruciale puisqu'elle doit aboutir à un nouvel accord international, applicable à 196 pays, dont l'objectif est de maintenir le réchauffement de la Terre en deçà de 2°C d'ici 2100 (voir encadré). Pourquoi 2°C et pas 3 ou 4 ? Selon les calculs du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), ce plafond représente l'augmentation de température au-delà de laquelle la planète entrera dans un scénario climatique imprévisible aux conséquences dévastatrices.
«Tout effort en vue de limiter ou de réduire l'augmentation de la température représente évidemment un pas dans la bonne direction, observe Philippe Gachon, professeur au Département de géographie et spécialiste des phénomènes météorologiques extrêmes. Cela dit, un changement draconien s'impose afin que l'on adopte un modèle de développement indépendant des énergies fossiles, dont la combustion est la principale cause du réchauffement climatique. Pour atteindre la cible fixée par la Conférence de Paris, il faudrait que la concentration de CO2 dans l'atmosphère commence à se stabiliser dès les années 2025-2030, c'est-à-dire demain, pour ensuite diminuer progressivement.»
Tout au pétrole
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été adoptée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, puis est entrée en vigueur en mars 1994. Elle reconnaissait l'existence d'un changement climatique d'origine humaine et donnait aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène. En 1997, le Protocole de Kyoto stipulait que les pays signataires devaient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
«Les États-Unis et la Chine, les deux plus grands pollueurs sur la planète, n'ont pas ratifié le protocole, tandis que le Canada a été le seul pays signataire à le renier», rappelle Philippe Gachon, qui est aussi membre du Centre pour l'étude et la simulation du climat à l'échelle régionale (ESCER). De 1990 à 2014, le Canada a augmenté de 25 % l'ensemble de ses émissions de GES, provenant principalement du secteur des transports et de l'industrie pétrolière. «Durant les années Harper, le tout au pétrole a fait en sorte que les chiffres ont explosé, dit le professeur. Bien que le Canada représente seulement 2 % de la population mondiale, ses émissions de GES sont équivalentes à celles de pays pétroliers comme le Koweït et le Qatar.»
Parallèlement, on a assisté à un désinvestissement du gouvernement fédéral dans les domaines des énergies vertes et de l'aide à l'électrification du réseau de transport. «Nous avons 15 à 20 ans de retard par rapport à d'autres pays, précise Philippe Gachon. L'Europe, par exemple, a mis une vingtaine d'années à électrifier son réseau de transport de marchandises et de passagers par trains.»
Source :
Claude Gauvreau
ACTUALITÉS UQAM
27 novembre 2015