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Vaccin BCG : quels effets protecteurs face à la COVID-19 et aux autres agents infectieux ?

Professeure Marie-Claude Rousseau, qui est aussi la gestionnaire scientifique du registre québécois de vaccination au BCG hébergé par l’INRS. Photo : Christian Fleury

Le fait d’avoir été vacciné durant l’enfance avec le vaccin BCG (ou Bacille de Calmette-Guérin) contre la tuberculose n’est pas un facteur protecteur à long terme face à la COVID-19, contrairement à ce qu’on a pu penser en début de pandémie.

La professeure Marie-Claude Rousseau, chercheuse en épidémiologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), et ses collègues de l’Université de Sherbrooke, de l’Université de Montréal et de l’Université Laval, ont mené auprès de la population québécoise, la toute première étude comparant le statut vaccinal dans l’enfance chez des personnes atteintes de la COVID-19 et chez un groupe témoin. La professeure Marie-Élise Parent et l’agente de recherche Jennifer Yu, toutes deux de l’INRS, faisaient également partie de l’équipe. Leurs travaux publiés dans la revue Vaccine, apportent un éclairage nouveau sur le lien possible entre le vaccin BCG et la COVID-19.

Un message de santé publique important

À ce jour, la plupart des études publiées ont montré une corrélation entre la vaccination BCG dans la population et un plus faible taux de mortalité due à la COVID-19. Toutefois, selon l’équipe de scientifiques québécois, la méthodologie de ces études ne permettait pas de déterminer si les personnes ayant reçu le vaccin BCG étaient celles qui présentaient une meilleure survie ni de considérer certains facteurs qui auraient pu biaiser les analyses.

La chercheuse rappelle que le potentiel effet protecteur du vaccin BCG contre la COVID-19 a fait l’objet d’un grand engouement scientifique et médiatique très tôt dans la pandémie.

« Au cours de la dernière année, nous avons relevé 25 fois plus de demandes de la part du public afin de vérifier s’il avait reçu le vaccin BCG durant l’enfance », lance celle qui est aussi la gestionnaire scientifique du registre québécois de vaccination au BCG hébergé par l’INRS, une ressource informatisée unique qui recense 4,2 millions de certificats de vaccination émis dans la province entre 1956 et 1992.

« Notre étude a démontré, de façon très convaincante, que le BCG, un puissant stimulateur de l’immunité innée, ne confère pas une protection à très long terme contre la COVID-19. Ce n’est pas le résultat que nous espérions, mais au moins cette question, qui était pertinente, surtout pour les pays du Sud, peut être éliminée des écrans radar », affirme le DJacques Pépin, premier auteur de l’étude et professeur associé à l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche du CHUS.

Pas de protection à long terme  

L’équipe de recherche a recruté 920 individus qui avaient obtenu un résultat positif à un test par PCR pour la COVID-19 à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), faisant partie du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, et au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), entre mars et octobre 2020. En parallèle, le groupe témoin comptait 2123 personnes qui n’ont pas été atteintes de COVID-19 mais qui ont eu au moins une autre analyse réalisée au laboratoire de microbiologie pendant la même période.

Seules des personnes nées au Québec entre 1956 et 1976 ont été recrutées. Leur statut vaccinal a été vérifié dans le registre québécois de vaccination au BCG grâce aux informations qu’elles ont fournies à l’équipe de recherche. Parmi les personnes testées positives à la COVID-19, 54 % avaient reçu le vaccin BCG durant l’enfance. Cette proportion s’élevait à 53 % dans le groupe témoin.

Les scientifiques n’ont pu observer d’effet protecteur du BCG à long terme. Leurs analyses ont tenu compte d’autres facteurs comme le type d’emploi de la personne, le sexe biologique, l’âge, l’indice de défavorisation matérielle et le fait de résider dans une zone rurale ou urbaine.

« Même si nous nous attendions à observer un léger effet protecteur, nous n’avons pas été surpris par les résultats. Les participantes et participants vaccinés avaient reçu ce vaccin il y a plusieurs décennies. Chez les personnes ayant reçu le vaccin plus récemment, c’est-à-dire au début des années 1970, aucun effet protecteur n’a également pu être observé. Toutefois, le nombre de personnes était limité, diminuant grandement la possibilité de détecter un faible effet », explique la professeure Rousseau.

Un vaccin suscitant l’intérêt  

La professeure Rousseau fait remarquer que quelques études ont suggéré un effet protecteur à court terme du BCG contre la COVID-19 et que des essais cliniques sont en cours à l’international, ce qui semble prometteur.

La professeure Rousseau s’est vue octroyer une subvention Projet d’un montant de près de 400 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) qui lui permettra, entre autres, de vérifier ces résultats auprès d’une plus vaste cohorte de 400,000 personnes faisant partie des dernières générations à avoir reçu le vaccin BCG.

L’objectif principal de ce nouveau projet est de s’intéresser de façon globale aux effets non spécifiques de la vaccination au BCG, à très long terme, et de voir si les personnes qui ont été vaccinées avec le BCG ont un meilleur taux de survie.

La chercheuse regardera également si le vaccin procure un effet protecteur contre d’autres agents infectieux comme le pneumocoque, le streptocoque du groupe A et le méningocoque.

À propos de l’article dans la revue Vaccine  

L’article « Does BCG provide long-term protection against SARS-CoV-2 infection ? A case–control study in Quebec, Canada », par Jacques Pépin, Annie-Claude Labbé, Alex Carignan, Marie-Elise Parent, Jennifer Yu, Cynthia Grenier, Stéphanie Beauchemin, Philippe De Wals, Louis Valiquette, Marie-Claude Rousseau (DOI: 10.1016/j.vaccine.2021.08.019), a été publié en ligne avant la version imprimée dans Vaccine (Août 2021) par Elsevier. L’étude a reçu un soutien financier de la Fondation du CHUS.

Source :
Service des communications
INRS, 25 octobre 2021

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