«L'ampleur du phénomène et de ses conséquences est suffisamment important pour que les universités élaborent des stratégies de sensibilisation, de prévention et de soutien aux victimes», soutient Manon Bergeron, professeure au Département de sexologie et responsable du colloque Enquête ESSIMU: portrait des violences sexuelles en milieu universitaire (10 mai). Les résultats préliminaires d'une enquête lancée en janvier 2016, la première du genre au Québec, visant à documenter au moyen d'un questionnaire en ligne les manifestations de violence sexuelle sur six campus universitaires, dont l'UQAM, y seront dévoilés. Cette violence peut être multiforme: harcèlement, agression, exhibitionnisme, voyeurisme, cyberharcèlement, attouchements non désirés, menaces ou coercition. «Les résultats démontrent que le harcèlement sexuel est particulièrement fréquent, note la professeure. Celui-ci se manifeste dans divers contextes: salles de classe, congrès scientifiques, événements festifs, etc.»
Une équipe de recherche interuniversitaire qu'elle a dirigée a examiné jusqu'à présent les réponses au questionnaire de quelque 8 700 personnes. «Plusieurs ont déclaré avoir été victimes de violence sexuelle depuis leur arrivée à l'université, mais aussi au cours des 12 derniers mois. D'autres ont dit avoir été témoins de manifestations de violence ou avoir reçu des confidences de la part de victimes», souligne la chercheuse. L'enquête, qui s'intéressait aux gestes commis tant à l'intérieur qu'à proximité des campus, s'adressait à toute personne ayant un statut d'étudiant ou d'employé. Elle a permis d'identifier les groupes davantage à risque, les différences selon l'orientation sexuelle des individus et les répercussions de la violence sexuelle sur la réussite scolaire, la vie professionnelle et personnelle ainsi que sur la santé physique et mentale: détresse psychologique et stress post-traumatique. Des intervenants au colloque aborderont aussi les réactions – aidantes ou nuisibles – de l'entourage des victimes.
L'événement se conclura sur les changements qui s'imposent pour contrer la violence sexuelle. «Certaines universités ont déjà mis en place des mesures, alors que d'autres sont moins proactives, observe Manon Bergeron. Chose certaine, chaque établissement doit se doter de stratégies en tenant compte des particularités de son milieu.»
Série Acfas 2016
Un nombre record de chercheurs de l’UQAM ont organisé des colloques en vue du Congrès de l’Acfas 2016, qui se tiendra en nos murs du 9 au 13 mai. Actualités UQAM propose une sélection des événements scientifiques présentés par des Uqamiens dans divers domaines de la connaissance.
Source :
Claude Gauvreau
Actualités UQAM, 3 mai 2016