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Vivre avec un rein… ou trois?

2018-03-15

Jusqu’où va votre générosité? Il y a quatre ans, Josée Labonne, agente administrative à l’INRS, a tourné cette question dans tous les sens. Elle devait être certaine de sa réponse : était-elle prête, oui ou non, à donner un de ses reins? C’était pour sa sœur Colette afin qu’elle retrouve la qualité de vie que des troubles rénaux lui avaient ravie.

Avec une population qui vieillit, le nombre de personnes en attente d’une transplantation de rein ne cesse d’augmenter au Québec comme partout en Occident. Les dons d’organes cadavériques, après la mort clinique d’une personne, ne suffisent pas. « Le rein est un des organes pour lequel un don vivant peut être envisagé puisqu’on peut vivre avec un seul rein, note le professeur Claude Daniel de l’INRS. Le taux de succès est très élevé dans les interventions impliquant un donneur vivant grâce aux progrès qui ont été faits tant dans les analyses que dans les autres procédures impliquées. »

Dans le cas de Josée Labonne, tout s’est enclenché en 2013. Sa sœur aînée a annoncé à sa famille que son état de santé déclinait rapidement. Il lui fallait une transplantation de rein ou elle dépendrait de la dialyse, une avenue de traitement qui est très contraignante. D’abord placée sur une liste d’attente de transplantation, elle a accepté la possibilité du don vivant. Josée a pris la balle au bond : « Ça m’a semblé évident. Mais je ne connaissais pas du tout la démarche. » Elle amorce alors le processus d’évaluation physique et psychologique pour pouvoir répondre au besoin criant de Colette.

Parmi les étapes importantes, on doit s’assurer que le système immunitaire du receveur du rein acceptera ce nouvel organe. Cette notion s’appelle l’histocompatibilité : le donneur et le receveur doivent avoir un profil immunitaire suffisamment similaire pour que le rein ne soit pas rejeté. L’analyse sanguine de Josée et de Colette a été faite dans le laboratoire d’histocompatibilité de l’INRS, dirigé par Claude Daniel, un chercheur que Josée connaît bien. 
 
« Pour les dons vivants, on relève notre seuil de sécurité parce qu’on ne veut pas mettre en danger le donneur, souligne le professeur Daniel. Bien qu’on procède exactement aux mêmes analyses que pour un don cadavérique, on a une responsabilité et des possibilités différentes. »
 
Les possibilités auxquelles réfère Claude Daniel sont celles des dons croisés coordonnés par la Société canadienne du sang. Il s’agit d’un réseau qui met en lien les paires donneurs-receveurs pour maximiser le nombre de greffes. Ainsi, si pour une raison ou une autre Colette et Josée ne pouvaient pas procéder à la transplantation, le rein de Josée pourrait être donné à une autre personne du réseau dans une « chaîne de transplantations » à travers le Canada au terme de laquelle Colette recevrait le rein d’un autre donneur. 
 
Ce n’est pas ce scénario qui a eu lieu puisque le pairage entre les deux sœurs était approprié et la transplantation pouvait avoir lieu. Tout au long du processus, elles se sont senties épaulées et accompagnées de façon extraordinaire par l’équipe de l’Hôpital Notre-Dame. « Rien n’a été laissé au hasard, raconte Josée. On a vérifié mon état de santé, questionné mes motivations, passé au crible tous les cas qui pouvaient survenir pour s’assurer que j’étais bel et bien prête à faire le don, avec tous les risques que cela comporte. »
 
 
Source :
Stéphanie Thibault
INRS, 9 mars 2018

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Mise à jour: 27 mars 2023