La coconstruction du modèle de soutien a été possible grâce à la collaboration et à la négociation d'une foule de personnes investies dans différentes boucles d'idéation, de structuration, de développement et d'amélioration. Pour mieux comprendre le processus, 3 principales étapes ont été dégagées et imagées: l'étape régionale, l'étape commune et l'étape transversale.
Démarche
Structure collaborative et négociatrice du projet
Le projet TrRéussies s’est appuyé sur une structure de gouvernance collaborative pour concevoir, structurer et produire un modèle novateur. Un éventail diversifié d’acteurs et d’actrices ont porté le projet au sein de différents comités et équipes de travail (scientifiques, agents et agentes de recherche, directions, cadres, gestionnaires, personnes enseignantes et apprenantes des ordres d’enseignement ciblés, professionnels et professionnelles de différents milieux éducatifs et organismes intéressés par la question des transitions réussies). À chaque étape du projet, leur participation en continu ou ponctuelle a permis d’intégrer une pluralité de savoirs et d’expériences dans un processus coconstructif de négociation de sens.
Poursuivant l’objectif de coconstruire un modèle de soutien aux transitions interordres réussies (MSTR), des allers-retours constants ont été conduits entre les représentants et les représentantes des différents ordres d’enseignement, d’abord pour comprendre, puis pour valider les propositions. Une des forces du MSTR repose précisément sur son utilité qui transcende les ordres.
Cette richesse collaborative a toutefois engendré un niveau de complexité supplémentaire liée à la négociation. Bien qu’essentielle pour concilier les différentes perspectives, la nécessité de mettre en commun, de discuter et de valider chaque choix théorique a parfois prolongé les processus d’élaboration et de décisions. De plus, les divergences d’intérêts, de priorités et d’attentes entre les diverses parties prenantes ont parfois rendu complexe l’atteinte d’un consensus clair et rapide.
Étape 1
Recherches régionales autonomes
L’étape 1 expose le déroulement des projets de recherche autonomes régionaux sur les transitions interordres qui ont été lancés en août 2022. Chaque regroupement régional a conduit son projet en regard de ses objectifs de recherche, de ses balises théoriques spécifiques et de son cadre méthodologique, et ce, de concert avec leurs partenaires régionaux qu’ils ont eux-mêmes mobilisés. Les résultats obtenus dans chaque région sont ainsi tributaires d’une démarche unique et spécifique à chaque projet.

Étape 2
Mise en commun théorique et méthodologique
L’étape 2 permet de mettre l’accent sur la richesse du projet TrRéussies, soit une structure collaborative et le maintien de cette collaboration de façon efficace dans le développement d’une compréhension commune des enjeux liés aux transitions interordres réussies. C’est ainsi que la mise en commun des balises théoriques et des cadres méthodologiques s’est avérée déterminante dans la poursuite de la coconstruction du modèle. Depuis avril 2023, les membres du comité scientifique, incluant l’équipe de direction, ont travaillé à faire converger les bases théoriques et conceptuelles qui ralliaient les préoccupations des régions, afin d’y ancrer la coconstruction d’un modèle de soutien aux transitions interordres réussies. À cet égard, un cadre de référence commun a été élaboré par le comité scientifique, incluant:
- la définition de concepts clés se rapportant à l’étude des transitions
- la description d’approches théoriques se rapportant au processus de transition
- l’identification claire des concepts et postures théoriques retenus dans le cadre du développement du Modèle de soutien aux transitions interordres réussies (MSTR)

À la lumière des postulats théoriques, il a été possible d’opérer le passage d’une perspective régionale vers une perspective nationale. Pour ce faire, une présentation des résultats régionaux a été réalisée avec un souci partagé de faire des liens entre lesdits résultats et les différentes dimensions des transitions (et leurs composantes) retenues dans le cadre de référence commune. À l’issue des présentations régionales, malgré l’autonomie de recherche de chaque projet régional, et conséquemment, la diversité des approches mobilisées dans la réalisation de ces travaux, il était évident que les résultats présentés étaient souvent complémentaires.
Dans la foulée des travaux du comité scientifique, un exercice d’analyse des points de convergence, de complémentarité et de divergence des résultats régionaux a été effectué. Chaque personne présente avait d’abord à cibler les thèmes émergents des résultats régionaux, pour ensuite identifier les thématiques convergentes ou complémentaires, et celles divergentes. Les éléments ressortis ont ensuite servi de levier à la poursuite des discussions analytiques au sein du groupe. De cet exercice, on retient que la convergence et la complémentarité des résultats régionaux sont omniprésentes.
Les éléments de convergence et de complémentarité contribuent à la valeur théorique du modèle en assurant la transférabilité des résultats, d’une région à l’autre et d’un ordre d’enseignement à l’autre, ce qui appuie la robustesse du modèle.
Étape 3
Coconstruction du modèle
L’étape 3 s’attarde spécifiquement à la démarche ayant mené à la coconstruction du Modèle de soutien aux transitions interordres réussies (MSTR), qui émane de l’analyse transversale (étape 2) des résultats de recherche régionaux (étape 1). Sachant que la finalité première de la recherche-développement (RD) est le développement (Bergeron, Rousseau et Bergeron, 2021), il nous apparaissait soutenant d’emprunter à cette méthodologie de recherche dans le développement de la schématisation du Modèle.

Sans prétendre à une théorisation ancrée constructiviste dans sa forme la plus pure (Charmaz, 2006), nous croyons que le processus d’analyse déployé ici s’en inspire. D’une part, la dimension constructiviste du projet TrRéussies place l’ensemble des chercheurs et chercheuses et des partenaires qui y prennent part dans une posture de coconstruction de sens où dialogues, réflexions et confrontations d’idées contribuent à cet aller et retour entre travail de terrain (les projets régionaux) et prédictions et explications (l’analyse inductive des résultats régionaux à travers une démarche collective et itérative). D’autre part, l’immersion des chercheurs et chercheuses «dans les données empiriques sert de point de départ au développement d’une théorie sur un phénomène» (Guillemette, 2006, p. 33). De façon similaire à la théorisation ancrée, le Modèle proposé met de l’avant des concepts interreliés avec un degré d’abstraction élevé (Birks et Mills, 2011) qui ont émergé des données brutes des sept projets autonomes. Toujours dans la perspective de la théorisation ancrée, le Modèle ne vise pas le «quoi» de la transition, mais bien le «comment» de transitions interordres réussies.
Comme illustré ci-dessus, la coconstruction s’opère au cours des phases de structuration, de développement et d’amélioration, permettant l’élaboration des 3 volets principaux du modèle: théorique-empirique, opératoire et matériel. Chaque volet fait l’objet de boucles d’amélioration. À chaque version du modèle ou de façon complémentaire selon les moments jugés nécessaires, les 3 volets sont validés par les personnes impliquées dans les projets de recherche et par les personnes utilisatrices ciblées dans le cadre du projet.
Plus de 60 personnes impliquées dans les boucles d'amélioration
- Représentantes et représentants régionaux
- Comité scientifique
- Conseil scientifique
- Groupes de consultation
Pour plus de détails sur la démarche du projet, consultez l'écrit détaillé du volet théorique et empirique.