Le projet Collaboration s'est intéressé à la collaboration développée ou non au sein des regroupements régionaux du grand projet TrRéussies. Au total, 62 collaborateurs et collaboratrices ont été impliqués au sein de 26 parties prenantes issues des milieux éducatifs, communautaires et gouvernementaux.
Projet Collaboration
Soutenir les transitions vers les études supérieures par la collaboration interordres
En s’intéressant au processus de développement de la collaboration au sein de la principale constituante du projet TrRéussies vers les études supérieures, soit les regroupements régionaux, la recherche Soutenir les transitions vers les études supérieures par la transition interordres est un projet dit transversal. Ce projet vise à décrire et à mieux comprendre les processus de création et de déploiement des regroupements régionaux, à déterminer les principaux enjeux et obstacles rencontrés et à dégager des facilitateurs menant au développement d’une collaboration.
Une collecte de données auprès des 6 regroupements régionaux s’est effectuée d’abord par une entrevue auprès de la personne représentante du regroupement, suivie de l’envoi d’un questionnaire en ligne auprès de toutes les parties prenantes concernées. Les données d’entrevue recueillies ont fait l’objet d’une analyse de contenu sur NVivo et certaines données du questionnaire ont fait l’objet d’une analyse de variance avec des tests non paramétriques. L’analyse des résultats a servi à construire un indice de la collaboration inédit afin de mieux cerner ce qu’est la collaboration in situ. Une échelle d’appréciation a permis de catégoriser chaque regroupement sur le continuum des «3 C», composé de la coopération, de la coordination et de la collaboration.
Les résultats montrent que la création d’espace collaboratif est pertinente si le degré de complexité de la situation à traiter est suffisamment complexe, si le niveau d’interdépendance est fort et si un certain nombre de caractéristiques sont présentes, tels que la compréhension univoque et l’adhésion aux buts, la confiance, la présence d’un leadership adapté, l’engagement des parties prenantes, la présence d’un dialogue et la transparence. Tous ces critères sont interreliés de manière stratégique et leur intensité varie en cours de processus. L’application de notre indice permet de conclure que deux regroupements sur 6 étaient en collaboration.
La recherche formule 6 recommandations afin de mieux soutenir les transitions par la mise en place d’espace collaboratif. Selon les populations utilisatrices, les transitions vers les études supérieures constituent une problématique suffisamment complexe qui nécessite la mise en place d’une collaborationinterorganisationnelle et interordres. Pour ce faire, une attention particulière doit être portée à la composition de l’espace collaboratif en misant sur la diversité des parties prenantes, leur expertise et leur capacité à travailler dans un contexte à haut risque et à portée transformationnelle tout en investissant le temps et les ressources nécessaires.
Quelques chiffres issus du rapport
Recommandations

Comme l’étude l’a révélé, la collaboration n’est pas un objectif en soi, mais un moyen de résoudre des problèmes complexes qui nécessitent l’implication de multiples parties prenantes et l’exploitation d’une variété de compétences. La collaboration interorganisationnelle et interordres, qui repose sur des relations partagées entre différents niveaux d’enseignement et entre diverses institutions, est donc essentielle pour résoudre les défis posés par les transitions vers les études supérieures. Elle doit être considérée comme un processus continu et évolutif, qui prend en compte la complexité des parcours des personnes étudiantes et la diversité des enjeux rencontrés par les différentes parties prenantes. Elle exige une prise de risque pour les acteurs en présence qui doivent en assumer la portée transformationnelle.

Un autre facteur déterminant pour offrir un soutien optimal aux transitions réside dans la sélection et l’engagement des parties prenantes. Il est recommandé d’intégrer une diversité d’acteurs et d'actrices dans le processus collaboratif, en tenant compte de leur expertise spécifique, de leurs ressources et de leur volonté de s’investir activement dans la recherche de solutions. Leur implication, qu'ils proviennent d’organisations éducatives, de structures communautaires, d’entreprises locales, d’organisations publiques ou parapubliques ou de la société civile, permet non seulement de mieux comprendre les enjeux sous différents angles, mais aussi de multiplier les ressources disponibles pour soutenir les personnes étudiantes dans leur parcours. La volonté d’engagement est la clé. Il est important de favoriser des relations fondées sur un engagement mutuel et une capacité à contribuer aux changements.

Un des facilitateurs au maintien de la collaboration est la présence de ressources expertes et compétentes au sein de l’espace collaboratif qui font l’objet d’une reconnaissance mutuelle. Mais la création et l’accroissement de l’intensité et de l’intégration des relations s’insèrent dans la dimension institutionnelle qui offre une structure de gouvernance ainsi que des règles et des procédures appropriées. Dans sa dimension personnelle, l’ensemble des parties prenantes doivent démontrer leur capacité à évoluer dans un espace collaboratif en manifestant notamment la souplesse et l’adaptabilité indispensables à la réussite de cette expérience accaparante. Dans sa dimension sociale, l’ensemble des parties prenantes doit témoigner de sa capacité à évoluer dans un environnement à haut risque et à fort potentiel de changement.

Étant donné que les expériences collaboratives, et en particulier celles qui visent à soutenir les transitions interordres, se déploient sur un moyen ou long terme, il est crucial de définir des échéanciers réalistes. Ces échéanciers doivent être élaborés en concertation avec toutes les parties prenantes, afin de garantir que les délais sont à la fois réalisables et adaptés aux contraintes de chacun. L’acceptation d’un calendrier commun permet d’assurer un travail progressif et cohérent, sans précipitation ni pression inutile, tout en maintenant la motivation et l’engagement des acteurs et des actrices sur le long terme. Il est également important de prévoir des moments réguliers de réévaluation et d’ajustement des échéances en fonction de l’évolution des conditions et des besoins.

Pour garantir le succès à long terme des projets collaboratifs, il est essentiel de prévoir des mécanismes d’amélioration continue. Ceux-ci permettent non seulement de mesurer les progrès réalisés, mais aussi d’identifier rapidement les obstacles et d’ajuster les stratégies en fonction des résultats observés. À certains moments et selon les objectifs poursuivis, il est possible que le regroupement ait besoin de basculer dans une phase de coopération ou de coordination afin d’accroitre son efficacité plutôt que de persister en mode de collaboration. Enfin, l’expérience collaborative devrait faire l’objet à terme d’une évaluation incluant des indicateurs qualitatifs et quantitatifs, afin de prendre en compte à la fois les impacts mesurables sur les personnes étudiantes et les dynamiques relationnelles entre les parties prenantes.

Développer la collaboration interordres ou interorganisationnelle induit des changements importants dans les pratiques de chacun. Dans un contexte de complexité élevée, comme les transitions vers les études supérieures, les résultats obtenus par la collaboration supposent que chacun aura accepté de mettre à l’épreuve ses façons de faire afin de dégager une solution inédite, durable, adaptée au fort potentiel de pérennité. C’est ce qu’on appelle l’avantage collaboratif (Huxham, 1996).
Équipe du projet
- Julie Bergeron, Ph.D., Université du Québec en Outaouais (UQO)
- Carole Lanoville, Ph.D., Université du Québec à Montréal (UQAM)
- Stéphane Allaire Ph.D., Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
- Sarah Martin-Roy, Ph.D., Université du Québec (UQ)
- Stéphanie Demers, Ph.D., Université du Québec en Outaouais (UQO)
- Roxana Staiculescu, Ph.D., Université du Québec en Outaouais (UQO)
Ont également collaboré aux travaux:
- Marjolaine Veilleux, directrice de projets, Université du Québec (UQ)
- Julie Courcy, professionnelle de recherche, Université du Québec (UQ)
