Dimensions du soutien aux transitions

Cet élément réfère à la personne face à elle-même, à ce qui lui est propre, ses aspects émotionnels, affectifs et comportementaux, ses besoins fondamentaux (autonomie, compétence et appartenance sociale) (Deci et Ryan, 2008). Cet élément inclut l’équilibre et l’évolution de la personne apprenante (sentimentale, émotionnelle).

La composante métacognitive réfère au fait d’avoir conscience des processus qui permettent d’apprendre, de comprendre, de contrôler et de gérer ses pensées et ses réflexions de façon générale. Ces processus réfèrent par exemple à la capacité de se concentrer sur sa manière de réfléchir et de penser dans le but de les réguler en fonction de l’atteinte d’un objectif.

Selon Schraw et al. (2006), la métacognition comporte deux volets. Le premier renvoie à la conscience et à la connaissance qu’une personne apprenante a de ses capacités mentales, de sa mémoire et de son raisonnement, à la façon dont elle perçoit, traite et utilise l’information, consciemment ou inconsciemment (automatiquement). Le second lui permet de réguler et de contrôler ses capacités mentales. Ainsi, la métacognition permet d’optimiser les fonctions cognitives qui sont utilisées et mises à profit de façon stratégique, quotidiennement – telles que la planification et la prise de décision – permettant à une personne apprenante de s’adapter et de gérer efficacement son temps, ses tâches et ses ressources, de façon équilibrée, ainsi que l’évolution globale de la personne.

Selon Bandura (2001), les interactions sociales sont nécessaires au processus d’apprentissage et à l’évolution d’une personne. La personne apprenante apprend, à être, à faire, à apprendre, grâce, notamment, aux faits de vivre dans un environnement social, aux côtés des autres et de leurs façons de faire, d’être, d’apprendre. Cette composante est donc relative aux relations et aux rapports proximaux entre des individus. De plus, elle réfère aux liens d’interaction et d’interdépendance qui s’opèrent entre une personne apprenante et l’autre, en tant que personne signifiante (pairs, personnels éducatifs, etc.).

Cette composante réfère au vécu éducatif (présent, passé) et au bagage éducatif (antécédents éducatifs), avec lesquels une personne évolue dans son parcours de transitions vers les études supérieures. Une personne se fixe des buts qui sont cohérents non seulement avec son projet d’études (dimension académique et éducative), mais également avec qui elle est (dimension personnelle). Il apparait qu’une adéquation/un équilibre est nécessaire entre les attentes académiques explicitées (dimension institutionnelle) et les aspirations de la personne apprenante.

Cette composante réfère aux attentes éducatives et académiques établies par le système éducatif (établissement, programme, etc.), relatives à la personne apprenante, aux apprentissages, aux connaissances et au développement des compétences attendues au cours d’un programme d’études donné. Cette composante inclut les objectifs, les contenus, les méthodes et les stratégies prescrites ou mises en œuvre par les structures académiques pour soutenir les besoins d’apprentissage des personnes apprenantes.

Cette composante réfère à la cognition, aux processus mentaux impliqués dans l’apprentissage. De façon générale, les processus mentaux renvoient aux opérations mentales qui permettent la saisie, le traitement et le stockage d’informations dans le cerveau. Les principales activités cognitives concernent le raisonnement, la résolution de problèmes, la pensée critique, la mémorisation, la capacité d’analyser et d’évaluer. Sur ce plan, il est aussi possible de parler d’agentivité épistémique, soit la capacité des individus à créer, à évaluer et à modifier des connaissances à l’aide d’outils épistémiques développés individuellement et collectivement. À titre d’exemple, la capacité des personnes apprenantes à identifier et à appliquer des critères de véracité à une nouvelle affirmation sera considérée comme une certaine forme d’agentivité épistémique. De façon complémentaire, le volet « cognitif » renvoie à la connaissance de soi sur le plan éducatif, de son rôle d’apprenant, incluant son agentivité, ses intérêts, ses capacités, ses besoins, ses défis, ses visées, etc.

Cette composante réfère à la façon dont l’établissement éducatif est organisé, équipé et administré, aux moyens et aux outils qui permettent à l’environnement de devenir capacitant (Fernagu, 2022), et aux influences engendrées sur l’évolution et l’équilibre de la personne apprenante.

Cette composante renvoie à l’identité et à la culture organisationnelle et institutionnelle, à la philosophie de l’établissement dans sa globalité, incluant sa mission, ses valeurs, qui influencent les pratiques (partagées et collégiales) de toutes les personnes qui y évoluent (personnes apprenantes, personnels, etc.). Le cadre éducatif propre à chaque établissement est inclus dans cette composante, abordant les codes, les normes, les règles, les politiques qui encadrent l’environnement éducatif des personnes apprenantes.

Cette composante a comme focale les processus, le fonctionnement et les méthodes (mesures, pratiques, ressources, outils, etc.) utilisées pour atteindre un objectif ou effectuer une tâche. Sont ici inclus les opérations, les démarches (admission, inscription, annulation de cours, etc.), les éléments temporels à retenir (moments clés liés aux transitions) et les politiques relatives au fonctionnement de l’établissement (heures de cours, registraire, etc.) et aux ressources disponibles (financières, matérielles, humaines).

Cette composante réfère à la participation d’un individu à une collectivité, celle à laquelle il appartient et s’associe, en tant que citoyen. La focale se retrouve ici sur les dynamiques qui s’observent relativement au processus de socialisation, au sein d’une collectivité éducative partageant une culture commune.

La composante économique réfère aux déterminants socioéconomiques qui peuvent avoir un effet sur le parcours (éducatif) d’un individu (accès, opportunité, interruption, etc.) comme le revenu, le statut économique de la famille, les antécédents éducatifs des parents, le niveau d’insécurité économique, le statut professionnel et d’emploi, le milieu de vie, l’appartenance ethnique et culturelle, etc. Il s’agit d’ailleurs de l’un des principaux prédicteurs de la non-persévérance aux études (Doray et al., 2024).

La composante culturelle renvoie aux possibilités de contribution et d’appropriation de la personne apprenante quant à la culture de son milieu (éducatif ou autre), de sa culture propre (dimension personnelle), de la culture institutionnelle (dimension institutionnelle) et de la culture des groupes sociaux qui composent le milieu éducatif dans lequel elle évolue (dimension académique et éducative). Cette composante réfère aussi au fait de savoir contribuer et de savoir s’approprier les référents communs nécessaires pour naviguer dans son parcours en enseignement supérieur. La composante culturelle fait référence à la langue et au langage de l’établissement, au vocabulaire et aux pratiques propres à chaque ordre d’enseignement, et à chaque établissement.

La composante interactionnelle dans la dimension socioéconomique et culturelle réfère à l’importance des interactions sociales et des relations interpersonnelles dans l’évolution d’une personne. La personne vivant dans un environnement social où se trouvent d’autres personnes, avec lesquelles elle est en interaction et en interdépendance constantes (Bronfenbrenner, 1979). Conséquemment aux approches systémiques, cette composante renvoie aux interactions de la personne apprenante dans son réseau social, au sein de son milieu éducatif, en contexte de transitions. La personne apprenante apprend, évolue et s’adapte à son environnement éducatif au cours de ses transitions grâce aux interactions et aux relations interpersonnelles.