Soutenir le développement des familles de compétences

Le Référentiel de développement des compétences essentielles aux études postsecondaires (RDCE) vise à soutenir les personnes enseignantes, professionnelles, et les gestionnaires qui souhaitent planifier des activités favorisant le développement des compétences essentielles, en s’appuyant sur une démarche d’intervention, pédagogique ou organisationnelle, fondée sur l’expertise empirique.

Que l’objectif soit le développement d’une ou de plusieurs compétences essentielles dans le cadre précis d’un cours ou qu’il vise, de manière plus large, à soutenir le développement d’activités extrascolaires, cette section peut servir de référence pour réfléchir aux pratiques visant à développer les 6 familles de compétences essentielles pour les études postsecondaires. 

11 principes pédagogiques et organisationnelles

Chacun des principes présentés soutient le développement des compétences essentielles de la personne apprenante.

Les principes pédagogiques sont issus d’un large consensus dans les recherches scientifiques depuis plusieurs années. Ils sont appuyés de résultats de recherches empiriques réalisées dans divers contextes et pays et ils sont considérés comme des propositions fondamentales sous-jacentes à l’apprentissage, la persévérance, la motivation et la réussite dans les études. Les principes organisationnels font également consensus et sont considérés comme des conditions fondamentales à la mise en œuvre des principes pédagogiques. Les principes organisationnels peuvent orienter les acteurs et actrices de l’établissement d’enseignement en soutien à la mission pédagogique.

Icône nombre 1
Assumer la responsabilité d’une prise en charge partagée

Le développement des compétences essentielles devrait être une responsabilité partagée entre toutes les parties prenantes. Chaque personne enseignante peut contribuer à ce développement. De la même manière que les compétences intellectuelles ne relèvent pas uniquement des cours de philosophie, les compétences langagières ne se cantonnent pas aux cours de français. Pour favoriser leur développement, les compétences essentielles doivent être sollicitées régulièrement et dans divers contextes d’apprentissage. C’est ce qui permet aux personnes apprenantes de les consolider et d’apprendre à adapter leur utilisation à différents contextes afin de rendre leur apprentissage plus efficace. Plus elles sont mobilisées, plus leur utilité est perçue. De même, lorsque ces compétences sont mobilisées dans un contexte disciplinaire ou professionnel lié au programme d’études choisi par les personnes apprenantes, leur valeur perçue augmente, ce qui peut renforcer leur engagement dans les apprentissages et dans le développement des compétences. Cette responsabilité partagée favorise donc le développement de ces compétences, mais aussi la motivation des personnes apprenantes à s’engager dans ce développement.

Icône nombre 2
Favoriser l’intégration d’activités d’autoévaluation et d’autoréflexion

L’autoévaluation permet aux personnes apprenantes de prendre conscience de leurs points forts et de ceux nécessitant du travail, ce qui est essentiel pour une amélioration continue des compétences. Dans le même ordre d’idées, l’autoréflexion amène les personnes apprenantes à réfléchir sur leurs propres processus d’apprentissage, à analyser leurs pratiques et à ajuster leurs stratégies en fonction de la qualité de leurs expériences.

Icône nombre 3
Accompagner les apprentissages et soutenir l’autonomisation

Accompagner signifie soutenir la personne apprenante dans sa réflexion, ses questionnements afin qu’elle identifie ses besoins, les obstacles à résoudre dans le développement de sa compétence et les moyens pour y arriver. Cela implique un certain transfert de connaissances et de compétences, mais dans une perspective d’autonomisation. Accompagner implique de répondre aux besoins de la personne apprenante pour qu’elle puisse résoudre les situations et développer ses compétences de la façon la plus autonome possible. Il ne s’agit donc pas de fournir la solution ou d’agir pour elle par transmission-reproduction. L’accompagnement est ainsi un levier important pour maintenir l’engagement et la motivation des personnes apprenantes. Enfin, l’accompagnement vise l’autonomisation, c’est-à-dire que plus la personne apprenante arrive à résoudre des situations diverses et de complexité croissante, plus ses compétences deviendront transférables et moins elle aura besoin de cet accompagnement.

Icône nombre 4
Favoriser l’interactivité et la collaboration

L’interactivité permet aux personnes apprenantes de s’engager activement dans le développement de leurs compétences parce qu’elles sont amenées à échanger des idées, à résoudre des problèmes et à coconstruire leurs connaissances. La collaboration, quant à elle, encourage le partage des responsabilités et le développement de compétences interpersonnelles, telles que la communication, l’écoute active et la gestion des conflits.

Icône nombre 5
Définir un but à atteindre

Les personnes apprenantes qui sont en mesure de se fixer des buts à atteindre à court, moyen et long terme s’approprient davantage leur projet d’études, peuvent mieux réguler leurs efforts en fonction de la nature de ces buts et mieux organiser leur apprentissage de manière autonome. Elles évaluent également les conditions favorisant leur persévérance et leur réussite de façon plus réaliste. Parce qu’elles développent leurs forces et identifient de multiples voies vers l’atteinte de ces buts, elles sont plus susceptibles de concevoir l’échec et les difficultés comme une occasion d’apprendre et de s’améliorer.

Icône nombre 6
Favoriser l’autorégulation

L’autorégulation implique la capacité qu’ont les personnes apprenantes à planifier, organiser et ajuster leurs comportements et leurs stratégies d’apprentissage en fonction des objectifs qu’elles se sont fixés. Elle comprend également une bonne gestion du temps et une persévérance face aux défis rencontrés.

Icône nombre 7
Inscrire le développement des compétences dans des situations authentiques

Des contextes d’apprentissage réels ou qui reflètent le plus possible l’environnement professionnel auquel aspire la personne apprenante contribuent à rendre son apprentissage significatif et motivant. Ces contextes permettent de développer des compétences en impliquant activement la personne apprenante dans des tâches qui reflètent authentiquement les défis à relever en dehors de l’environnement d’apprentissage.

Icône nombre 8
Favoriser l’apprentissage actif

L’apprentissage actif implique que la personne apprenante est en activité et appelée à construire le sens des situations d’apprentissage afin d’agir pour les résoudre et développer ses compétences. L’apprentissage actif repose ainsi sur l’expérience d’une situation problématique qui engage la personne apprenante (préférablement avec d’autres) dans l’action à mobiliser les ressources à sa disposition et alimente sa réflexion sur son action en vue de l’ajuster, de l’améliorer dans et après l’action. En étant activement engagées avec les savoirs, les personnes apprenantes développent une compréhension de leur complexité et de leur nature construite et reconnaissent le pouvoir qu’elles détiennent sur leurs apprentissage et, ultimement, sur leur formation.

Icône nombre 9
Exercer la pensée critique

La pensée critique est un processus qui se définit comme mode de pensée autocorrecteur: la personne apprenante qui est penseuse critique analyse et évalue son raisonnement afin de l’améliorer. Il s’agit également d’un processus critérié (les jugements sont appuyés sur des critères ou des normes, telles la validité, l’éthique, la cohérence, les preuves) et sensible au contexte, à ses contraintes, ses particularités, etc. Les jugements peuvent porter sur un problème d’ordre moral, esthétique, pratique, productif ou théorique.

Ce processus rigoureux de conceptualisation, d’application, d’analyse, de synthèse et d’évaluation des informations, recueillies ou générées par l’observation, l’expérience, la réflexion, le raisonnement ou la communication, fonde l’action.

Icône nombre 10
Adopter une approche inclusive

Adopter une approche inclusive est essentiel pour le développement des compétences pour que toutes les personnes apprenantes, quels que soient leurs besoins (culturels, linguistiques, physiques, cognitifs, etc.), puissent bénéficier équitablement des opportunités de développement de leurs compétences. Une approche inclusive favorise un environnement dans lequel toutes les personnes apprenantes se sentent respectées, valorisées et soutenues. Elle permet d’adapter les méthodes, mesures et pratiques pour répondre aux besoins divers des personnes apprenantes. Cette approche permet aussi aux personnes apprenantes de développer des habiletés sociales, telles que l’empathie et la tolérance, qui favorisent le développement de leurs compétences.

Icône nombre 11
Mettre en place un climat d’apprentissage favorable au développement des compétences

Les personnes enseignantes peuvent jouer un rôle central dans le développement des compétences des personnes apprenantes lorsqu’elles créent un climat d’apprentissage favorable. Ce climat doit permettre à chaque personne apprenante de se sentir en sécurité, respectée, motivée et pleinement engagée dans ses apprentissages. Pour cela, plusieurs actions peuvent être entreprises: encourager un sentiment d’appartenance, valoriser la diversité des parcours et des expériences, adopter une communication bienveillante et établir des attentes claires et réalistes. Ces actions favorisent l’épanouissement de chaque personne apprenante et contribuent à un environnement d’apprentissage stimulant.

Orientations d’action des familles de compétences

Les orientations d’action mettent en évidence des éléments convergents qui ressortent des recherches portant sur les pratiques favorables au développement des compétences de la famille de compétences.

Pratiques prometteuses

Le concept de pratique prometteuse est issu du domaine de la santé, et plus particulièrement de la santé publique. Les définitions de ce concept sont ainsi fortement ancrées dans l’action publique et institutionnelle, l’intervention et les programmes de prévention des maladies chroniques et des infections et dans la promotion de saines habitudes de vie. En ce sens, certains des éléments conceptuels qui s’y rattachent peuvent être adaptés au domaine de l’éducation, qui se fonde également sur l’action publique, les programmes et l’intervention. Une pratique est qualifiée de prometteuse en raison de son potentiel à favoriser l’apprentissage de même que le développement des compétences et des personnes qui en sont les destinataires. Ce potentiel se manifeste dans les mises en œuvre réussies et documentées, relayées dans les écrits scientifiques ou professionnels. Ces pratiques sont également jugées prometteuses parce qu’elles s’avèrent les mieux adaptées à une situation ou à un contexte éducatif particuliers.

Des exemples de pratiques s’inscrivant dans les orientations d’action issues de la recherche empirique sont présentés dans la section «Exemples de pratiques prometteuses» de chacune des familles de compétences du RDCE. Ils incluent:

  • la démarche pour la mise en œuvre des pratiques
  • les possibilités d’adaptation
  • les facilitateurs et défis qui peuvent y être associés

Recension des écrits scientifiques

La recension est fondée sur les critères suivants:

  • la pratique a fait l’objet d’une appréciation / évaluation et / ou documentation de sa mise en œuvre selon un devis scientifique
  • le contexte, les étapes et les conditions de mise en œuvre sont décrits
  • la méthodologie relative à l’appréciation ou l’évaluation de la pratique, incluant l’interprétation des données collectées, est clairement explicitée
  • des résultats positifs de programmes ont été constatés pour une part de la population ciblée ou en lien avec certains objectifs seulement
  • la pratique peut avoir été appréciée dans le cadre d’une seule mise en œuvre ou d’un projet pilote
  • la pratique a le potentiel d’être adaptée à d’autres populations et d’autres contextes

Consultez la partie 2 du RDCE

Pratiques inspirantes

Les acteurs et actrices de l’éducation au Québec, que ce soit en milieu scolaire ou en enseignement supérieur, font preuve d’une créativité remarquable et innovent continuellement pour assurer la réalisation de leur mission et le développement des familles de compétences présentées dans le RDCE. Les pratiques mises en œuvre témoignent des différentes façons d’aborder le développement des compétences par les différentes équipes des établissements d’enseignement. Ces pratiques se distinguent des pratiques prometteuses, car elles n’ont pas fait l’objet d’une appréciation ou d’une évaluation formelle selon un devis scientifique.

Des initiatives visant à développer des familles de compétences essentielles issues du milieu de l’éducation québécois sont présentées dans la section «Pratiques inspirantes». Cette section inclut des fiches qui décrivent des pratiques inspirantes, lesquelles identifient les familles de compétences qui y sont reliées et détaillent les conditions de leur mise en œuvre.

Résumé des pratiques inspirantes

Les fiches «Pleins feux» sont considérées comme pertinentes et utiles par les acteurs et actrices impliqués dans leur mise en œuvre. Bien qu’elles soient ancrées dans le contexte de leur élaboration initiale, elles ont été sélectionnées parce que jugées adaptables à d’autres contextes, c’est-à-dire qu’elles peuvent offrir un point de départ pour instaurer une pratique similaire en tenant compte des divers paramètres propres au contexte.

Consultez les fiches

Pour en savoir davantage sur les pratiques prometteuses et inspirantes, consultez la version téléchargeable du document.

Référentiel de développement des compétences essentielles aux études postsecondaires